12/04/2018
Macron ...
Ça alors ! … Les bras m'en tombent, les mots me manquent, sidéré, abasourdi, ça me troue le cul … Voilà bien longtemps que je n'avais pas entendu un discours aussi réac …, que je n'avais pas vu un gouvernement aussi répressif, aussi ouvertement et systématiquement violent, aussi brutal, aussi intolérant à toute contestation, avec autant d'emprise sur les médias, bref, ce qu'il y a cinquante ans on dénommait facho …
Lorsque Mr Macron a été candidat, j'étais comme à peu près tout le monde : j'en ignorais à peu près tout. Lorsqu'il a été élu, et mal élu, puisqu'il ne l'a été que « par défaut », pour nous éviter une présidente indigne, j'ai fait comme tout le monde, j'ai attendu pour voir et appris qui il était. Ce qui ne m'a pas empêché d'avoir de solides doutes sur le personnage. En particulier sur son parcours, qu'il soit intellectuel, politique ou professionnel. Je n'ai pas été déçu. ENA, Inspecteur des finances, banque Rothschild, profil ultra libéral. Puis, politiquement parlant, MDC ( Chevènement), PS, membre du cabinet de F. Hollande, Ministre de l'économie, puis En Marche, parcours un tantinet louvoyant, peu démonstratif d'une quelconque rigueur ni d'une probité ( au sens nietzschéen) exemplaire. Il m'est rapidement apparu comme un exemple vivant d'un personnage de roman excessivement ambitieux, d'une sorte de Rastignac moderne. Mais lorsque j'ai appris que son mentor avait nom Ricoeur, là, mes doutes se sont dissipés. Je savais à qui j'avais affaire. Je n'avais pourtant pas idée de l'extrémisme du personnage. Qui, bien entendu, s'est évertué à me faire passer, moi, moi aussi, parce que je ne suis pas une personne dont on parle, pas un premier de cordée, à nous faire passer, nous autres, les républicains laïcs convaincus, pour les « vrais » extrémistes, les vilains, les pas beaux, soulignant par là sa notion très relative de la réalité. Démontrant, avant tout, que ce qui compte pour lui c'est l'image, le ressenti, la communication, comme il était prévisible, ce qu'il confirmait. Après cette étape est apparue la propagande. Très efficace, je dois reconnaître. Ce qui, pour moi, ne faisait que confirmer les doutes. L'important, ici, c'est d''expliciter la nature de ces doutes. Il tient à la mémoire. Je me suis bêtement souvenu, rien que souvenu, que le nazisme français n'avait pu éclore que grâce à l'espèce de « marais » qui existait, entre 33 et 39, au sein de la mouvance « socialiste molle » dont l'icône reste Laval, futur second de Pétain, mouvance qui est exactement l'endroit d'où vient Macron. Là, j'ai compris ce qui nous attendait. Dans le contexte mondial actuel, l'éclosion, partout, de « démocratures » qui signent probablement la fin de nos démocraties fatiguées, la France n'a pas échappé, malgré ce qu'on en a pensé après la défaite de la Le Pen, au courant dominant. Ce qui nous attend, c'est un régime que d'aucuns, de par le monde, et pas que les plus radicaux, nomment le « fascisme économique ». Le doute que j'avais après l'élection sur la possible dérive autoritaire de notre jeune président se dissipe : nous y allons tout droit. Le signes sont évidents : mépris du peuple, dédain pour un parlement godillot et, surtout, pour l'opposition, usage excessif de la force publique, réformes brutales imposées sans concertation, muselage de la presse libre, bellicisme patent envers les pays honnis par la communauté internationale, soutien aux chasseurs on y est. Or, vous l'aurez remarqué, aucune démocrature ne tient sans une religion ou, pour quelques unes, un dogme intangible, comme en Chine, par exemple. La dérive autoritariste mondiale, aux USA, en Turquie, en Hongrie, au moyen Orient, pour les plus évidentes, reposent, pour la plupart, sur la mise en avant d'une religion. Or, que vient de faire notre président ? Au mépris de la loi de 1905, qu'il se prépare d'ailleurs à modifier (par ordonnance, je suppose …), Mr Macron, dans un discours où certains voient, comme morale sous-jacente, un évident mépris des droits des LGBT ainsi qu'une remise en cause des avancées éthiques attendues sur l'avortement, la PMA et la GPA (qui ne sera pas acceptée sou son règne), vient de ramener sur le devant de la scène deux questions que l'on croyait à jamais réglées : les racines chrétiennes de la France et la pertinence de cette religion dans le débat public. Tout cela au titre d'une « modernité », d'un changement, du mouvement, quand il nous ramène plus d'un siècle en arrière. Tout comme il le fait, d'ailleurs, en même temps, pour les acquis sociaux des travailleurs de ce pays et leur niveau de vie. En Marche, certes, mais en marche arrière. Et tout cela au nom d'un dogme puissant, la théorie économique libérale, énoncée au cours des derniers siècles à partir des théories de Locke et Smith (17° et 18° siècles) et scellée, pour l'époque moderne, par les accords de Bretton Woods (1944-45). Du moderne, comme on voit. Et c'est là qu'il est donc temps de s'intéresser au jeune président. Si l'on en croit ses plus fidèles collaborateurs, Collomb, Castaner, Griveaux, Ferran, j'en oublie, le sieur ferait montre d'une intelligence remarquable et inspirerait une admiration sans limite. Autrefois, on aurait appelé cette attitude « culte de la personnalité ». Or, comme vous le savez, c'est dans les dictatures les plus dures, Corée du Nord, Russie, Turquie, Chine, Syrie, Bolivie, Cuba, qu'on trouve les pires exemples de culte de la personnalité. En résumé, donc, tyrannie peut-être mais, d'évidence, des signes inquiétants : un dogme intangible, une religion, un culte de la personnalité naissant. Mais, outre cette prédiction hasardeuse et dont j'espère qu'elle ne se réalisera pas, je voudrais surtout revenir sur l'intelligence supposée admirable de notre chef de l'état. J'ai souri, récemment, en voyant, sur un site « rebelle », Emmanuel Todd dire en souriant que Mr Macron ne serait pas « fute-fute ». Ce qui, dans l'ambiance actuelle, est totalement iconoclaste. Pourtant, il ne faisait là que confirmer un ressenti personnel et, depuis, de plus en plus répandu. Non, Mr Macron n'est pas intelligent. Pour moi, cette affirmation relève de la propagande, tout comme l'est son mythe de la « pensée complexe ». Pensée complexe, mon cul !… Le sommet de cette propagande a été atteint par un journaliste renommé quand il a publié son « Un président philosophe » en 2017. Alors là, c'est non, Brice, carrément non. Pas plus que vous, d'ailleurs, qui semblez, justement, souffrir de ne pas l'être. Ralph Emerson, philosophe états-unien, inspirateur de Thoreau, déclara, aux alentours de l'année 1837 : « il n'y a pas de philosophe américain, il n'y a que des professeurs de philosophie ». Cette formule est de plus en plus vraie. Non, Brice, Macron n'est pas philosophe. Il jouit d'une excellente mémoire, c'est manifeste, semble être assez empathique, ce qui lui permet d'adapter sans cesse son discours à son auditoire, certes, mais philosophe, il ne l'est pas le moins du monde. Ni supérieurement intelligent ni philosophe. Un journaliste disait de lui, à propos de son dernier discours, qu'il aurait une très bonne note en philo pour ce discours. Tout est dit. Mr Macron récite sa leçon mais n'en pense pas pour autant. Pour moi, il n'est rien d'autre qu'un singe savant, un perroquet doué, un pur produit de la culture élitiste dispensée dans les meilleures écoles de la République ( dont il a profité, donc ...) mais dont le savoir sera toujours théorique et très loin du réel et, pour employer un gros mot, de la vérité. Pique spéciale pour tous ceux qui croient dur comme fer qu'il n'y a aucune vérité universelle … Qu'ils lâchent le téléphone qu'ils ont en main et me racontent où il est après … Sur le sol ? Non ? La gravité, donc, ce serait vrai ?… La vérité ne peut exister dans une société qui fait ses profits sur le mensonge … Propagande ! ... Et quand bien même elle nous serait inaccessible, cela n'empêche pas la vérité d'exister. Ce que nous avons sous le nez est simple : un homme jeune, loin du réel, qui impose sans sourciller les théories apprises, sans nuances, à la lettre, loin, très loin de la manifestation d'une quelconque intelligence. Il est à noter, d'ailleurs, que son mentor, Ricoeur, s'il est souvent présenté comme un phénoménologiste, consacrera une partie importante de son œuvre à l'herméneutique ainsi qu'aux relations entre philosophie et religion. On pourrait y voir une des racines du discours devant les évêques, ce qui démontrerait, de nouveau, un suivisme documenté plutôt qu'une réflexion propre sur ces sujets. Pour finir, donc, en soulignant son mépris notoire pour le peuple, je dirais que Mr Macron n'est pas du tout l'homme qu'on nous présente. Scolairement cultivé, certes, mais ni extraordinairement intelligent, ni philosophe, ni moderne mais de droite, autoritaire et catholique. Un profil qui me rappelle celui d'un certain maréchal : travail, famille, patrie … L'avenir nous dira qui a raison.
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