22/05/2012
Entêtement
Il nous faut de la croissance.... Revoilà cette chimère au premier plan... De la croissance. D’abord, beaucoup d’économistes sont formels : la croissance ne reviendra pas. Du moins plus jamais comme celle que nous avons connue dans les années 60 - 70. Et, donc, sauver le monde avec une croissance retrouvée semble à peu près exclu. Pas grave, continuons de rêver et de berner le monde. Mais, même si les prévisions pessimistes s’avéraient fausses, de toute façon, il nous restera un problème. Non pas de la croissance mais quelle croissance? Car, pour y revenir, je vous rappelle que si, par exemple, vous avez un accident sur la route, c’est comptabilisé comme de la croissance, simplement parce que vous allez mobiliser les secours, la dépanneuse, le garagiste, l’hôpital, tout ça. Pareil si vous tuez votre voisin, si vous mettez le feu à l’école de votre enfant, si vous rasez une forêt, si vous êtes touchés par le cancer, si votre maman casse sa pipe, si un avion s’écrase, si un train déraille, bref, tout le pire, en termes économiques, c’est de la croissance. Je ne vous parle pas, bien sûr, des changements inutiles de portable tous les trois mois, des télés de deux mètres de large remplaçant celles d’un mètre quatre vingt, des autos qu’on fout à la casse bien avant qu’elles soient usées, des routes superflues, des ronds points inutiles, des aéroports sans utilité, de tout le gâchis journalier, des pubs dans les boîtes, du papier gaspillé, du pétrole dilapidé pour rien, alors qu’il va bientôt nous manquer, bref, tout ça aussi c’est de la croissance. La question est donc bien de savoir quelle croissance et non de savoir s’il y a ou non croissance. Les limites terrestres vont bientôt nous imposer des changements radicaux, en termes d’énergie, d’alimentation, de matières premières et nous continuons allègrement à favoriser la croissance, à n’importe quel prix, serait-ce celui de notre survie. Alors que les circonstances imposeraient l’invention d’une économie sans croissance, du moins pour les sociétés dites développées, disons équipées, nous allons donc continuer de dilapider nos ressources et notre énergie pour que le système perdure tel qu’il est. Comme disait le grand écrivain: il faut que tout change pour que rien ne change.
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