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09/12/2015

Je suis comme une truie qui doute

 

Exhumer l’excellent livre de Claude Duneton ( Points – Seuil – 1979) à propos des élections régionales peut sembler inapproprié. La truie qui doute de Duneton est celle qui hésite à nourrir ou non ses petits alors qu’elle sait quel avenir désastreux, fait de torture et de souffrance, leur est promis. Allégoriquement, il y décrit ses hésitations de professeur à continuer d’enseigner à une jeunesse défavorisée dont il sait qu’elle ne profitera jamais de ses enseignements parce que son avenir est dramatiquement prédéterminé. J suis comme une truie qui doute, aujourd’hui, et pour ce qui me concerne, sur l’avenir du PS. Et particulièrement sur une question : celle du retrait ou non de ses candidats dans les régions exposées au danger du FN. Mon problème n’est pas que le PS ait ou non des élus. C’est ce qui ferait plutôt pencher la balance vers la partie euthanasie de mon doute. Le PS ne mérite plus, selon moi, d’avoir des élus. Le problème du retrait, c’est le FN. Les états majors parisiens ont décidé qu’on devait, par devoir, privilégier les candidats dits « républicains », candidats qui, d’ailleurs, ne le sont pas tant. Je ne dirais pas des ténors de LR qu’ils ne méritent pas d’être élus. Eux, au moins, sont fidèles aux idéaux de droite. La question du retrait est donc de savoir s’il faut ou non tolérer l’hypothèse d’élus FN et, pire, d’une majorité dans quelques régions. Ce qui est troublant, c’est qu’à peu près tous les gens qui se prononcent sur le sujet, à « gauche », habitent dans des régions qui ne sont pas exposées au risque FN. Ils ne le font donc qu’au nom d’un idéal, idéal que, par ailleurs, ils trahissent allègrement chaque jour. C’est une position dite « morale ». D’un autre côté, au nom des mêmes principes, beaucoup renâclent quant au retrait. Jean-Luc (Mélenchon), par exemple, qui ne risque pas beaucoup plus que ses camarades. Ne parlons pas de Pierre (Laurent) qui, au passage, va se retrouver au conseil régional IDF.... Or, ici, j’ai envie de faire une prédiction. Je vous fous mon billet que, s’il advient que le FN soit élu à la tête d’une région, il y aura, dans cette région, des « ratonnades ». Dans le Sud, par exemple, il y aura des descentes de milices dans les quartiers dits « chauds » et on poussera « les arabes » à la mer. Dans le Nord, j’entrevois la possibilité d’un « nettoyage » sauvage de la jungle de Calais. Bien entendu, les dirigeants du FN ne donneront jamais la consigne de ces exactions. Je suis même certain qu’ils les condamneront avec fermeté et excluront les brebis galeuses. Non, ce qui va se passer, c’est que quelques gros cons plus ou moins avinés en prendront l’initiative et, ce, parce qu’ils se sentiront encouragés, voire légitimés, par le fait que leur région est dirigée par leur parti, parti devenu alors totalement légitime lui-même. Et là, force est de constater que nos socialistes endimanchés, quant à eux, ne risquent pas de se faire violenter par ces nervis. Tran-qui-lles. Un comportement ouvertement bourgeois. Avec tout le mépris pour le peuple que recouvre ce terme. envisager la possibilité de l’élection d’un conseil régional FN est tout bonnement une horreur en soi. Que Jean-Luc plaide pour le maintien de Masseret est une horreur. Cela signifie que l’idée de la présidence des Le Pen au Nord ou au Sud est acceptable. Qu’il suffira de courber l’échine pendant six ans et de remettre le débat à plus tard. Entre temps, chacun pour soi. Je ne voudrais pas être un français issu de l’immigration pendant cette période. Je ne vous parle pas des étrangers vivant dans ce pays, légaux ou non. Il peut donc sembler que le débat est clos. Retrait systématique du troisième, vote en masse pour le seul représentant digne des idées républicaines. Sauf que.... Sauf que, le PS étant ce qu’il est, un parti détestable, il profite de l’occasion pour instrumentaliser. Il n’est pas le seul. Ce n’est pas une excuse. « Surfant » sur la vague, il nous incite à voter partout comme un seul homme, dans la joie et l’allégresse que donne le sentiment d’avoir « résisté ». Et c’est là que, tout à coup, je deviens une truie qui doute. Parce que j’habite dans l’Ouest. Une région qui n’est pas exposée au danger. En PDL ou, pire, en Bretagne, le débat se concentre non sur le FN mais sur l’aéroport de NDDL.... Et là, tout à coup, je suis touché par le doute. Lesquels de mes petits dois-je choisir ? Ceux qui vont s’en tirer, qui ont avenir, tous ces enfants de bourgeois qui feront des études, dont l’avenir est assuré, qui, demain, seront tout simplement là, ce qui sera en soi une victoire, ou bien les enfants basanés qui, partout ailleurs, en France, voire chez nous, seront en danger ? Vous avouerez que, pour le coup, me voilà vraiment ravalé au rang d’une femelle porcine intelligente. Sauf que, une fois encore, parce qu’il faut se décider avant dimanche soir, deuxième tour, une sorte d’urgence se fait jour. Et cette urgence, moi, j’en attribue la responsabilité, sans hésitation, au PS.... Ce qui me renforce dans l’idée terrible de l’euthanasie du PS...... Sauf que... Sauf que, encore une fois, le PS réussit ce prodige de survivre au débat.... J’ai beau avoir lu Nietzsche et, surtout, son avis, son réquisitoire, sur les « socialistes », non, vraiment.... C’est absolument indigne. L’urgence, sur un problème qui nécessitera plusieurs mois, voire plusieurs années avant que nous soyons capables de l’analyser, vraiment, c’est indigne... Je vais donc assumer mes convictions et, dimanche, je ne voterai pas pour le PS et ses récents alliés. Sauf que.... je sais que je ne peux me permettre de le faire que parce que, comme beaucoup d’autres, au final, je sais que je ne risque rien. La chute lente de la démocratie, qui n’a rien à voir avec la République, comme vous savez si vous avez lu, elle va passer par moi, simplement parce que, moi aussi, je profite de mon confort intellectuel..... Une peste qui finira par nous avoir tous. La seule porte de sortie qui nous reste, c’est de s’interroger sur ses propres motivations..Et d’accepter une fois pour toutes qu’aucun de nous ne vaut bien plus cher que ceux qu’il condamne.... Ma truie domestique, qui est couchée à mes pieds, en rit à groin ouvert.. Hui! Hui! Hui! ….

 

Je pourrais, en annexe, vous entretenir de mes doutes sur la manière de qualifier les électeurs du FN. L’un des arguments principaux de cette « ligue » est d’appeler au respect de ses suiveurs, sous prétexte qu’ils seraient des humains aussi respectables que tout autre. Mes origines populaires, totalement populaires, origines partagées par zéro personne aujourd’hui en responsabilité, mes origines dont j’ai gardé un goût indépassable pour le mot grossier, m’incitent à traiter assez facilement de « con » toute personne stupide. Mes origines ne me laissent aucun choix : ne mérite le respect que toute personne qui s’en montre digne et, par conséquent, je n’ai aucun problème à qualifier de « gros con » toute personne qui place ses espoirs dans le FN... Une histoire non encore classée, soixante dis ans après, sur la responsabilité du peuple allemand dans l’avènement d’un certain Adolphe (point Godwin...) ou du peuple espagnol sur l’avènement de Franco. Mais, comme vous le savez, bien que ce soit là un point de vue totalement bourgeois, à mon sens, ce qui est excessif est insignifiant. Ma truie vient encore de couiner......

 

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