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05/03/2009

Le sarkozysme est-il un néo-stalinisme

Le sarkozysme est-il un néo-stalinisme?


Dans les années soixante-dix, mille neuf cent soixante dix,  une plaisanterie circulait partout en accrochant partout un sourire jaune: le totalitarisme, c’est ferme ta gueule; la démocratie, c’est cause toujours. Nous ne sommes plus en soixante dix. Ni, à plus forte raison, dans les années vingt ou trente. Une chose me frappe, aujourd’hui, c’est ce consensus qui consiste à refuser de qualifier notre président de fascho. Bonapartiste, autoritaire, autoritariste, soit. Mais fascho, tout de même, vous n’y songez pas sérieusement!...  Et bien si, j’y songe. Excessif, outrageusement exagéré, par là insignifiant. Il est de bon ton de protester contre cette affirmation: oui, notre cher “leader” est un être faschoïde. Généralement, on vous oppose un unique argument: relisez vos livres d’histoire. Le faschisme, c’est Hitler, Staline, Mao: monsieur Sarkozy n’a rien à voir avec ces grands ancêtres. Un tantinet poutinien, à la rigueur. Poutine lui-même peut-il être qualifié de fascho? Ce serait exagéré, vous rétorque-t-on. Dans notre pays, on peut encore dire ce qu’on veut, se promener librement, écrire, soutenir dans les médias tous les points de vue, penser ce qu’on veut, adhérer au parti qu’on a choisi, en bref, nous sommes encore libres, qu’on sache. Rien que le mot “encore” dans cette formule a de quoi faire frémir l’échine. Mais toutes ces allégations sont hélas fausses. Les gens qui les profèrent ne doivent pas savoir qu’on ne peut librement appartenir à la gauche “ultra”, qu’on ne peut circuler dans les “quartiers sans se faire immanquablement interpeller si l’on n’est pas “gaulois”, qu’il ne fait pas bon se promener dans la rue avec des pancartes annonçant “casse toi, etc..” lorsque le prince a décidé de les emprunter, ces rues, qu’il ne fait pas bon se faire interpeller aux abords d’une manifestation et que, même dans l’éventualité où l’on y serait totalement étranger, on risque de se retrouver derrière des barreaux, que les médias qui laissent passer des propos qui ont l’heur de déplaire le payent, parfois cher, du moins leurs dirigeants, que nous vivons une période où les responsables de “l’ordre”, préfets, patrons, ministres, savent que leur siège est éjectable, si quelque événement vient troubler l’égo du prince. Les exemples d’abus de pouvoir ne manquent hélas pas. La question est: jusqu’où faudra-t-il que le pouvoir s’aventure pour que tous les acteurs concernés réagissent et nomment par son nom le régime sous lequel nous vivons. Trop tard, je n’ai aucun doute, car ce fut, au long de l’histoire, toujours le cas.

A tous, je voudrais répondre une seule chose: que serait le faschisme de Staline aujourd’hui? Je vous parle d’un temps où l’on manipule les opinions par le truchement des médias, où l’on ne tue plus ses opposants, du moins pas physiquement, ce qui n’est pas moins efficace, où la propagande est constante et très banale, quotidienne, douce, indolore, où l’opinion se fabrique, où la voix que vous avez au chapitre est proche du néant, sauf à avoir été préalablement adoubé. Un tel régime déporterait-il encore? Assassinerait-il à tous vents? Conduirait-il des interrogatoires proches de la torture ou, plus exactement, en ferait-il plus que beaucoup d’actuelles “démocraties”? Remplirait-il les asiles plus que nous ne remplissons les prisons? J’ai la conviction que son autoritarisme prendrait des formes bien plus subtiles. L’époque a changé. Pourquoi le faschisme n’aurait-il pas, lui-même, évolué?

Quelques uns des penseurs des Lumières ont mis en vogue le concept de “despote éclairé”. Il peut être toléré que le prince fût despotique, à la condition qu’il ait reçu l’enseignement des Lumières et n’use de son pouvoir absolu qu’à la fin d’améliorer le sort du plus grand nombre, d’être constamment dans la préoccupation du bien d’autrui. Cette notion reste encore passablement fumeuse. Pourtant, ce concept est aujourd’hui encore très à la mode. Nombre de dirigeants un peu “musclés” de notre chère planète vous expliqueront qu’ils ont une vision, qu’ils savent, que, souvent malgré les apparences, leur but n’est que le bien du peuple. Tel est le cas, me semble-t-il, de notre tyran en minuscule. Le drame, dans son cas, c’est que si despotisme il y a peut-être, accordons place au peut-être, par simple scrupule intellectuel, de lumière, cette fois sans l’ombre d’un doute, il n’y a point. Je suis persuadé qu’est vraie la rumeur qui voudrait que notre tyranneau soit quasiment inculte. Il en a lui-même, en maintes occasions, donné la preuve, ne serait-ce qu’à chaque fois qu’il a voulu démontrer qu’elle est fausse. Le despotisme éclairé, sans lumière, qu’est-ce donc? Que serait-ce, si ce n’est simplement un totalitarisme?



On ne comprend rien à notre cher président si l’on ne se remémore une formule ancienne qui le définit parfaitement: anticommuniste viscéral. Pour lui, rien sur terre ne peut être pire que d’être communiste. L’abjection totale, l’ennemi total, le rejet total, l’aversion absolue. Or, il se trouve, et c’est un point sur lequel je réfléchis beaucoup, que lorsqu’on a une idée fixe, un point de fixation absolu, on se trouve confronté à un problème que je pourrais appeler: l’abord à la frontière. Il existe, en effet, deux manières d’aborder une frontière entre deux univers, en particulier celle entre le bien et le mal: l’aborder en venant du côté de ce qu’on croit être le bien, ou bien en arrivant du domaine du mal. Reste que la frontière, elle, est exactement la même. Ainsi, les gens qui vivent dans l’obsession d’une frontière à ne pas franchir, ou, plus simplement, d’une frontière nette entre deux univers de pensée, finissent-ils immanquablement par s’évertuer à la définir, à la matérialiser et, par là, à adopter exactement la même logique que celle de ceux qu’ils condamnent. Certains penseurs israéliens de gauche, sont, par exemple, convaincus que c’est parce que les israéliens sont éduqués dans le respect indépassable de la Shoah qu’ils sont, précisément, capables d’agir assez similairement d’avec les bourreaux de leurs aînés, simplement parce que leur référence est devenue celle-ci. Ainsi donc, il m’apparaît que notre cher dirigeant suprême n’est pas loin d’avoir des méthodes assez similaires à celles des tyrans communistes. Parce c’est, pour lui, une référence absolue.


Mais, en dehors des références psychologiques, on en peut nier que les actes mêmes de notre “guide” sont plus qu’ambigus. Réformer la justice, par exemple, avec la vision claire de donner la préséance aux forces de police sur le judiciaire, amenant celles-ci à prononcer elles-mêmes, en toute autorité, les condamnations, réformer le processus de nomination des responsables des médias en se donnant le pouvoir de nommer, stigmatiser “l’étranger”, personne physique, en tant que responsable, de coresponsable, des difficultés françaises, et, conséquemment, organiser une véritable chasse aux immigrés, mais aussi l’étranger, en tant que concept, tout ce qui est extérieur à nos frontières, en le désignant comme le lieu où se trame et s’ourdit le complot contre la prospérité de notre nation, nommer à des postes de responsabilités uniquement des proches, des amis, des subordonnés, des inféodés, faire taire les contestations par la menace, parfois, souvent, le procès, entretenir avec les personnes les plus en vue des domaines artistiques, industriels, économiques, des relations basées sur l’affect et le personnel, tous ces actes, aujourd'hui, sont notre lot quotidien. Et que penser d’un régime où la police fait la loi, où les moyens d’information sont aux ordres, où tous les coquins sont aussi des copains?

Le plus étrange, une fois encore, c’est l’apparente apathie qui nous a touchés. Devant de tels faits, de telles hypothèses, de tels soupçons, nous devrions être nombreux, en France, en 2009, à dénoncer les prémices d’un état autoritaire. Quelle peut bien être la raison du silence? Quelle torpeur nous a pris? Pourquoi sommes-nous si peu nombreux à donner à notre cher “guide suprême” le qualificatif qu’il mérite: tout simplement fascho.


Mais pire, il faut toujours tenter le pire, je prétends que le sarkozysme est un néo-stalinisme. De quoi Sarkozy est-il le nom? J’ai trouvé. La condamnation du stalinisme fut principalement sa négation de l’individu. C’est une caractéristique qui n’appartient pas qu’à lui mais il est admis qu’il en fut le pire exemple. Qu’on soit Soljenitsyne, un moujik ordinaire de russie centrale, un opposant notoire, le stalinisme vous réduit à un pourcentage, une croix dans une case, un cas pour cent, rien d’humain, il nie votre particularité, vous ravale au rang de “cas”. Dois-je insister et faire remarquer que notre cher président raisonne son cher peuple en des termes analogues? Jamais, peut-être, la statistique, le sondage, n’ont été aussi considérés comme des moyens de gouverner. Alors oui, j’y insiste, le sarkozysme pourrait bien être une forme actuelle, j’évite le “moderne”, du stalinisme. On objectera que Staline était un rouge. Je répondrai que, justement, nombreux sont ceux qui, depuis sa mort, se sont interrogés sur la classification “à gauche” du dictateur soviétique.

Et je ne vous parle pas de “culte de la personnalité” et de stakhanovisme.....


pascal pratz

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