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02/04/2009

A la vôtre

L’une des images les plus souvent utilisées pour illustrer la théorie du néolibéralisme, telle que peuvent la défendre des gens comme, par exemple, Mr Minc, éminence grise de notre cher roitelet démocratiquement élu, l’une de ces images, donc, est celle de la mer qui, lorsqu’elle monte, emporte dans son mouvement ascensionnel toutes les embarcations, quelle que soit leur taille, dans leur mouvement vers le haut. Sous-entendu, si la richesse d’un pays augmente, la richesse de tous ses membres augmente dans le même temps. Une justification à l’enrichissement des dominants dont les profits bénéficieraient, par ricochet, aux moins lotis, voire aux plus démunis, exactement dans le même temps. La plupart des tenants de cette idée en font un dogme: ne touchons pas aux plus riches, c’est dans l’accroissement de leur fortune que se trouve la solution pour les plus pauvres. D’où une série de décisions: baisse des impôts, bouclier fiscal, suppression de droits de succession, j’en passe et de bien meilleures.

Pas besoin d’être grand clair pour constater que ce dogme n’a que très peu d’efficacité, pour rester dans l’euphémisme. Les riches sont de plus en plus riches et les pauvres voient de moins en moins de retombées. A croire que non, désolé, la mer ne monte pas partout à la même vitesse, ce qui, vous en conviendrez, est assez peu réaliste. C’est bien entendu que l’image est fausse et que cette imposture dissimule mal, elle même, que le dogme lui-même est faux. Hélas pour ces beaux messieurs si sûrs d’eux-mêmes, les riches ont des poches aux dimensions infinies qui ne sont jamais pleines et, par conséquent, ne laissent jamais s’échapper de retombées pour quiconque.

C’est pourquoi, à l’image de la mer, je propose de substituer celle de la pyramide de verres. Vous construisez une pyramides de verres, en cristal de préférence, et vous versez un liquide, préférablement du champagne, dans le plus élevé. La richesse est ici symbolisée par le délicieux élixir. Le liquide débordant, il remplit l’étage suivant puis le troisième, et ainsi de suite, jusqu’au dernier. Vous avez compris, les plus pauvres, représentés par le dernier étage, les plus nombreux, évidemment, finissent par recevoir quelques gouttes du précieux breuvage, bien après les premiers. Bien entendu, dans le système néo-libéral, rien n’arrive jamais au bas de la pyramide. Parce que les premiers servis ont le temps de vider leur verre et de le remettre en place, d’en détourner vers un autre récipient le contenu, voire de le jeter. Tout sauf accepter que les verres du bas ne se voient un jour remplis. Pourtant, d’un point de vue théorique, tous les verres devraient finir par être remplis.

Alors, me direz-vous, à quoi sert de vouloir remplacer le modèle “mer” par un modèle “pyramide de verres”? Au final, le résultat est le même. J’y vois, quant à moi, un avantage. Celui, d’abord, de montrer comment certains peuvent s’en sortir mieux que d’autres, ce qui n’est pas évident avec le modèle “mer”. Mais, surtout, il permet d’envisager une solution au problème des plus démunis: il suffit de démonter la pyramide, d’aligner les verres et de les remplir l’un après l’autre. De fait, il existe encore des premiers servis. Mais ils doivent attendre que le serveur soit parvenu à la fin de la file pour espérer voir leur verre de nouveau rempli.

Qu’attendons-nous pour changer de modèle et démonter la pyramide? Mais peut-être l’assertion selon laquelle notre rêve unique  serait de voir enfin notre propre verre placé tout en haut de cette pyramide est-elle vraie? Allez!.. A la vôtre!...

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