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20/04/2009

Sauver le système

Les emplois valsent. Avec eux, les chiffres du chômage. Mais, bien plus gravement, s’ensuivent la perte de revenu, la misère, l’impossibilité de se loger, de manger, de vivre, tout simplement, pour une part croissante de la population mondiale. Tout ça à cause d’une crise plutôt virtuelle, si vous y pensez. Des zéros alignés sur des écrans qui s’évaporent. Manque de pot, cette virtualité, les possédants vont vous la faire payer. C’est que nous vivons dans un système où les flux vont toujours dans le même sens. L’argent sort de la poche des plus humbles pour aller dans les coffres des banques. Je ne saurai trop vous conseiller, dans ce moment paroxystique, la lecture du “droit à la paresse” de Lafargue. Je dis bien la lecture. Ce texte passe pour être connu. Je ne suis pas certain que tout le monde sache vraiment ce qu’on y trouve.

La crise a bon dos, entend-on dire, de-ci, de-là. Quelques voix s’élèvent, assez isolées. C’est pourtant une évidence. Les entreprises mondialisées sont, depuis des lustres, à la recherche de moyens indolores de supprimer des emplois partout où la protection sociale, conquête des travailleurs, faut-il le rappeler, est jugée trop importante, trop encombrante, nuisible à la croissance, pour créer des postes partout où elle est inexistante. La crise est une opportunité que, bien entendu, elles ne laissent pas passer, elles! Car cette crise pouvait être l’occasion d’une révolution. Une douce révolution, comme les aiment les gens dits civilisés. Une révolution que nous avons, nous, ratée. Car cette crise a montré les limites d’un certain mode de développement. L’automobile est sous perfusion. Que n’en avons-nous profité pour solder cette industrie absolument obsolète. Je ne dis pas qu’il ne faut plus d'autos. J’affirme qu’il en faudrait d’autres. Nous avons un énorme problème d’énergie au niveau mondial? Que n’avons-nous profité de la crise pour mettre en place des solutions réalistes et solder les problèmes liés à la production actuelle d’énergie? La Terre a un problème pour nourrir ses enfants? Que n’avons-nous profité de la crise pour mettre en place des solutions au problème de la faim, de la production de denrées alimentaires? Nous avons manqué le rendez-vous qui nous a été donné.

Dans cette période troublée, un problème resurgit, qui est constant dans nos sociétés depuis leur début: celui de la violence. L’échappatoire à la contrainte peut, pourrait, être violente. Il s’agit donc de la condamner rédhibitoirement. Les prisons craquent sous le nombre des détenus, on renvoie chez eux les personnes étrangères jugées surnuméraires, les forces de l’ordre ont carte blanche pour réprimer, les tribunaux tournent à plein. Il faut absolument, par tous les moyens, que les opprimés renoncent à une éventuelle expression brutale de leur révolte. Évidemment, nos dirigeants, nos maîtres, n’ont aucun intérêt à ce qu’on en revienne à la loi du plus fort, la réelle loi du plus fort, celle des coups, de la bagarre, du meurtre. J’en connais un, en particulier, qui, à cause de sa petite taille et de sa musculature avachie, sait très bien que, dans le cas où les fessées se remettraient à voler, il aurait mal au cul. Vous remarquerez que la question de la révolution violente revient beaucoup dans les entrevues accordées aux médias par les tenants de la radicalité, souvent sommés de s’engager à n’y jamais avoir recours.

Au passage, Je voudrais ici stigmatiser l’attitude conciliante à l’extrême de certains syndicats,et certains partis politiques, collaborationnistes à outrance, qui semblent d’accord pour sauver ce qui peut l’être dans l’ordre établi. En particulier la CFDT. Serait-ce en raison de ses racines chrétiennes, toujours est-il qu’elle semble persuadée que la seule politique possible est celle de tendre l’autre joue après une claque. Pas besoin d’insister sur le fait que, pour eux, sauver ce système, c’est sauver leur positionnement d’élite de la nation.

Je pense, quant à moi, que la violence n’est pas condamnable “en soi”. Le devoir de tout homme est d’en contenir les manifestations quotidiennes et intempestives. Mais nul ne pourra jamais l’éradiquer, la dominer totalement, l’ôter de l’esprit de l’Homme dont elle est partie intégrante,  et je pense qu’elle doit rester, en arrière plan, comme une solution ultime. Je parle, par exemple, de la Résistance durant la seconde guerre mondiale. Les tenants du système, quant à eux, nous jouent sur ce sujet la belle comédie des bonnes mœurs. Ils condamnent avec la plus grande énergie la violence de la rue qui pourrait causer leur perte, en faisant très hypocritement l’impasse sur d’autres violences, bien plus sournoises, mais tout aussi efficaces. La violence sociale, le racisme, l’exclusion, la discrimination, l’exploitaion, toutes formes très utiles au système et qui tuent assez quotidiennement.

Certains des exaspérés du néolibéralisme continuent de penser, avec Marx, que le capitalisme périra d’un mal qui lui est consubstantiel: le profit immédiat. D’autres, plus modernes, plus informés, savent très bien que, hélas, le capitalisme ne peut mourir de lui-même et que, même au bord de rendre gorge, il trouve toujours la ressource de sa survie.

Dès les premiers instants de cette crise, pourtant, nos mondiaux dirigeants vous avaient avertis: il faut sauver le système. CE système!.. Celui-là même qui repose sur la guerre, les tueries,  l’injustice, la faim des humbles, un système de mort et porteur d’aucun avenir. Et, manifestement, nous allons accepter de le sauver.

Il ne vous reste donc qu’à consommer. Acheter de plus en plus d’écrans plats, de téléphones, d’automobiles, de patins à roulettes, de montres, vendre des armes, des mines, des avions, toutes choses dramatiquement inutiles à la préservation de l’espèce mais qui pourront, c’est le plus important, sauver le système. Combien de temps l’accepterons-nous? C’est une question que, de tout évidence, nos dirigeants ne se posent pas. Ils ont confiance en notre veulerie.

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