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22/06/2009

Iran

Bon, je vais encore râler. Introduire un peu de nuances dans un débat qui ronronne autour du consensus, des bons sentiments et du manichéisme. Je veux parler des élections en Iran. Je vous l’avoue, je trouve assez suspecte la propension que nous avons à juger, de ce côté-ci du monde, que certains peuples votent de manière tout à fait inconvenante. STOP!.. Je n’ai pas dit que les élections iraniennes n’ont pas été pipées. Ce que je tente d’introduire, c’est qu’on n’en sait pas grand chose, en vérité. On ne sait pas, par exemple, si le trucage a modifié fondamentalement le résultat. On ne peut pas exclure que certains Iraniens aient pu soutenir, malgré notre logique, leur cher dictateur. On aurait vu pire. Voyez côté Poutine ou Berlusconi. On ne sait pas, vraiment pas, si Ahmadinejad n’aurait pas, sans la triche, fait quand même partie du peloton de tête et, ainsi, acquis le droit à un second tour. Ce que nous avons jugé, c’est qu’il n’est pas le bon candidat. Cela, nous le devons à l’énorme espoir que nous avions investi dans sa défaite possible. S’il avait été battu, nous croyons (j’ai utilisé le verbe ”croire” à dessein) que cet événement aurait résolu d’un coup tous les problèmes de sécurité mondiale que nous pose ce régime. Qu’en savons-nous, en vérité? Que savons-nous, en réalité, des intentions de celui que nous considérons comme le sauveur? Il est absolument évident que nous prenons la prérogative de choisir pour les Iraniens le nom de celui qu’ils doivent porter au pouvoir. Il me semble voir là une certaine ressemblance avec les élections palestiniennes qui avaient porté le Hammas au pouvoir. Dans les deux cas, nous ne sommes pas contents du choix d’un peuple. Vous me direz, en Palestine, le trucage n’a pas eu lieu. Avec toutes les objections sus-citées, je vous concède qu’il semble effectivement que les urnes n’aient pas exactement délivré le message transmis par le peuple. Encore une fois, c’est assez curieux, cette acuité sur celle élection-ci. Que je sache, par exemple, l’élection de Bush n’a pas été un modèle d’honnêteté... Qui a protesté? Que je sache, les 90% obtenus par tous les dictateurs africains ne suscitent aucune protestation. Que je sache, Poutine est à peu près assuré d’une présidence à vie. Tous ces gens ont une opposition. Parfois très forte. L’avons-nous soutenue dans ses combats pour la démocratie?

Je le crains, nous sommes encore une fois dans le phantasme et la glu des bons sentiments. Et nous sommes une fois encore manipulés par je ne sais qui, cherchez à qui profite le crime, incités à la révolte contre un personnage, Ahmadinejad, qui pose effectivement au monde des problèmes assez graves. Ne me faites pas dire ce que je ne pense pas. Moi aussi, je me serais réjoui de son départ. Mais ce à quoi nous prêtons la main n’est peut-être pas aussi simple qu’il y paraît. Il ne s’agit pas forcément de rendre à un peuple opprimé sa victoire légitime. Peut-être s’agit-il simplement d’une tentative de renversement d’un dictateur pour le remplacer éventuellement par un autre, un peu différent, mais ouvert à notre vision de l’ordre du monde. Nous soutenons un mouvement qui ne peut que se terminer dans le sang. J’ose espérer que le sang qui coule et celui qui va couler aboutiront bien à une amélioration de la condition de ce peuple et pas seulement à sa reddition à l’ordre mondial établi par les bien pensants de tous poils.

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