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07/09/2009

Trou de la sécu

C'est l’automne. Revoilà le spectre du “trou de la sécu”. Cette manière de voir notre système de solidarité et de santé, angle de vue qui s’est installé au fil du temps depuis les années 80, le fait de considérer la sécurité sociale comme une entreprise qui se doit d’équilibrer la balance entre ses recettes et ses dépenses, ce point de vue est tout simplement faux. Le principe même de la sécu, c’est que l’Etat décide de redistribuer une part de l’impôt, impôt qui n’est pas autre chose que la contribution de chacun au confort de tous, d’en dépenser une partie, donc, pour assurer à chacun d’entre nous, quels que soient ses moyens d’existence, une santé acceptable et des soins efficaces. Par essence, les comptes ne peuvent pas être en équilibre. Déséquilibre qui tient, à la base, à la décision de l’Etat d’investir dans la santé de l’ensemble de nos concitoyens. Par essence, ce projet coûte forcément à l’Etat. En conséquence, la notion même de “trou” est totalement erronée. L’existence de la sécurité sociale suppose en soi ce trou. Sous cet angle, différent du sens commun, nous pouvons en fait constater que ce qui est remis en cause c’est bel et bien le principe même d’une sécurité sociale, de la participation de chacun à la santé de tous, et, en particulier, de ceux qui ont la malchance d’être confrontés à la maladie. Accréditer la notion de “trou”, ce n’est rien d’autre que faire une politique basée sur la part de la population qui n’est pas malade, qui, par conséquent, n’a pas un besoin vital et immédiat d’une solidarité, vision absolument fausse puisque nous sommes tous, un jour ou l’autre, confrontés à la maladie, ou bien la part de la population qui a les moyens de payer pour sa propre santé. C’est une sorte de “malheur aux vaincus”, un eugénisme mou qui ne dit pas son nom mais aboutit effectivement à l’élimination des plus faibles. Et, bien évidemment, vous l’aurez remarqué, personne, à de très rares exceptions près, ne proteste contre cette logique on ne peut plus extrémiste (là, si je donnais le fond de ma pensée, je dirais extrémiste de droite, bien sûr...). Le trou de la sécu, ce n’est rien d’autre que le choix du refus de la solidarité envers les plus faibles d’entre nous. Il n’y a pas plus de “trou” que de beurre en broche. Et, pourtant, vous l’aurez remarqué, tout le monde en parle, d’un bout à l’autre de l’échiquier politique. A ce titre, le débat états-unien est très enseignant puisqu’il s’y agit, à gros traits, de faire payer les W.A.S.P. (“blancs”) pour soigner une population déshéritée majoritairement “noire” (quelle horreur!...). Je ne doute pas que notre actuel débat passera, dans l’avenir, pour l’un de ceux qui nous vaudront une condamnation devant l’histoire, pour n’avoir pas vu les enjeux sociétaux sous-jacents, pour avoir délibérément condamné de “pauvres” gens à la mort faute de solidarité.

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