15/09/2009
Commission Stiglitz
Je ne saurai dire où ni par qui j’ai entendu dire récemment qu’un prix Nobel d’économie pouvait s’apparenter à peu près à un prix Nobel d’astrologie. Affirmation souventes fois émise, qui repose sur le fait que l’économie n’est en rien une science exacte. Peut-être pas même une science. La science repose sur l’expérience. Une loi n’y est vraie que si l’on peut la vérifier par l’expérience et, surtout, reproduire cette expérience pour obtenir les mêmes résultats. Sur quelle expérience scientifique l’économie peut-elle se baser? Sur quelle réitération? L’un et l’autre sont totalement impossibles. Un certain nombre de gens considèrent donc avec raison que les “experts” en économie ne sont pas plus fiables qu’une Madame Irma avec sa boule de cristal. Ainsi en va-t-il de Mr Stiglitz, à qui notre souverain vient de faire appel. J’ai conscience du fait que le discours de Mr Joseph n’est pas un discours ordinaire et que, par conséquent, il fait une assez mauvaise cible pour qui voudrait stigmatiser le libéralisme. Ses objections à l’ordre économique actuel, au monde financier en particulier, en font plutôt un allier de qui voudrait réformer cet ordre établi. Il n’empêche, sa parole n’est absolument pas plus crédible que celles de ses petits camarades de jeu. Il n’y a pas d’expertise en économie. Tout y est flan. La mission confiée à Mr Stiglitz est de proposer une autre mesure du “bonheur” des peuples que le simple PIB et sa sacro-sainte croissance. Il y aurait, évidemment, beaucoup à dire sur les notions de bonheur, de bonheur universel et, pire, de bonheur mesurable. Ces notions fleurtent allègrement, ce fut le cas dans l’histoire (autre science absolument inexacte), avec la dictature. Je ne vous parle pas du jugement de tous ceux qui, comme moi, pensent que le bonheur n’est pas une réalité. Ces objections liminaires posées, on peut s’interroger sur le but réel de la démarche. La moralisation du capitalisme, la mesure du bonheur réel, la modération de l’importance du PIB dans les politiques nationales, toutes ces choses ne cadrent pas tellement, euphémisme, avec la personnalité de notre “guide”. Il n’est qu’à consulter la liste de ses proches amis. Quelle mouche le pique? Dans quel but faire appel à Stiglitz et nous pondre un projet de bonheur à la française? La réponse m’est venue ce matin d’une dangereuse éminence grise du nom de Guaino. On ne se méfiera jamais assez de ce personnage, auteur, par exemple, du discours de Dakar et dont le nom commence par la même lettre que le ministre de la propagande d’un autre “guide” tristement célèbre. Que dit Guaino? En résumé, qu’il est temps de nous rendre compte que nous vivons dans un pays exceptionnellement favorisé, où il fait bien meilleur vivre que dans la plupart des autres, ce qui, d’évidence, n’apparaît pas dans les chiffres économiques habituels. La commission Stiglitz va donc déboucher sur un constat politiquement très utile. Vous vous plaignez? Mais de quoi? Regardez les chiffres! Nous sommes objectivement dans l’un des meilleurs pays du monde. Vous cherchiez, comme moi, ce qu’on voulait vous vendre? Et bien je vous fous mon billet que ce qui se prépare est ni plus ni moins qu’un musellement des revendications typiquement françaises sur la protection sociale, le niveau de vie, la dureté du travail, et tout le reste de nos acquis. De quoi on se plaint? Regardez les mesures. Vous êtes heureux!.... Un coup de comm... Et Irma Stiglitz s’est fait piéger dans la nasse de la manipulation médiatique de notre cher “guide”. Normal , je vous l’ai dit... Aucune clairvoyance...
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