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29/05/2009

Ce que je vois venir.....

Le processus qui mène un état vers le fascisme est globalement assez connu. Nous avons, hélas, de l’expérience sur ce sujet. Le premier cran consiste à créer un sentiment d’appartenance à la patrie, un repli identitaire, généralement en fustigeant l’étranger, en tant que concept, désigner l’extérieur comme responsable des malheurs intérieurs, mais également en tant que personne, celui qui est différent, éventuellement en précisant les critères de reconnaissance de cet étrange étranger, le nez, les cheveux, l’origine, la religion. L’étranger, cela pourrait être un virus, par exemple, mexicain, ce serait parfait.... On pourrait aussi envisager que l’ennemi extérieur soit un club sportif. Important le sport. Voyez Leni Riefensthal... Le deuxième cran consiste à créer un ennemi intérieur, celui qui, par son comportement, ses idées, mettrait en danger la cohésion du groupe, ouvrirait la porte à la subversion, à l’ennemi, aux idées venues d’ailleurs, qui serait prêt, même, à menacer la sécurité des braves gens au nom de ses idées jugées fumeuses et violentes. Le troisième cran consiste à remplacer l’information par de la propagande. Pour celà, le pouvoir devra s’assurrer la maîtrise des moyens d’information, journaux, radio, télé et, aujourd’hui internet, qui devront faire l’objet d’un contrôle scrupuleux. Le quatrième cran consiste à remettre les pouvoirs de police et de justice à des personnes peu formées, peu éduquées, comme le sont normalement les magistrats, les forces de police et l’armée, formation contestable mais basée sur une morale de la collectivité, nouvelles forces de l’ordre dont les moteurs sont le bon sens, les bons sentiments, le ressentiment, la vengeance sur les aléas de la vie, la jalousie, la rancœur, bref, à donner un petit pouvoir à des gens qui vont immanquablement en abuser. Le syndrome du petit chef. Ensuite, normalement, les choses vont aller tout seul. Ils viendront un beau matin arrêter votre voisin, qui aura probablement été dénoncé par un aigri, un jaloux, et vous vous direz que, si on l’emporte, c’est qu’il doit bien avoir fait quelque chose. Les braves gens se croient tous à l’abri parce qu’ils se croient conformes, ils le croient jusqu’au jour où vient leur tour, parce qu’un plus aigri, un plus jaloux, un plus vil, les a dénoncés. Normalement, à ce moment-là, lorsque le maintien de l’ordre est remis à des nervis, des milices, le retour vers la démocratie devient impossible. Le pays devra franchir une période noire.

Sans vouloir vous affoler, et si mes hypothèses sont les bonnes, je voudrais vous signaler que notre gouvernement a déjà franchi tous les crans sus-indiqués. C’est également le cas du gouvernement italien. A priori, à partir de maintenant, nous devrions voir se dérouler sans douleur et sans vraie conscience du phénomène, la glissade vers le pire. Vous ne pourrez pas dire qu’on ne vous aura pas prévenus.

28/05/2009

Liberté surveillée

Julien Coupat est sorti de prison. Les journaux titrent qu’il est “libre”. Il ne l’est hélas pas encore. Il reste sous le coup d’une instruction pour des faits qu’il nie farouchement et dont nous sommes beaucoup à penser qu’ils sont imaginaires et, ainsi qu’il le dit, “pathétiques”. Je me réjouis que ce jeune homme, qui me semble doté d’une intelligence et d’une vision du monde assez remarquables, puisse de nouveau circuler à peu près librement. Il est tout sauf l’heure de baisser la garde. Le procès qui lui est intenté l’est surtout à la liberté, la liberté des personnes, des idées, de penser, mais également la liberté d’éditer, de faire savoir, d’instruire, au travers des pressions qu’a du subir l’éditeur Eric Hazan, éditeur de “l’insurrection qui vient”, dont J. Coupat est soupçonné d’être l’un des auteurs. Ce gouvernement est bien l’un des pires que la France ait connus. Le fait de s’en prendre aux écrits est, sur ce point, on ne peut plus démonstratif. J. Coupat a plus que jamais besoin de notre soutien attentif.

26/05/2009

Le courage des entrepreneurs

Mme Parisot et notre président (dont le frère Guillaume fut n°2 du Medef jusqu’en 2005) sont d’accord: le héros des temps modernes est entrepreneur ou dirigeant d’une grande entreprise. Ces gens-là sont courageux, ils prennent des risques, ce qui justifie amplement leur niveau de rémunération astronomique. Courageux, ce mot a deux sens. Prenons le premier: courage au sens d’énergique. Ces gens-là travaillent des quatorze quinze heures par jour. Attention, du vrai travail. Pas comme les ouvriers en fonderie, en trois huit, qui prennent l’équipe de nuit, non, pas non plus le courage des mères de famille, qui triment du matin au soir, pas des trucs de gueux, non, un vrai travail, porter une cravate du matin au soir, épuisant, réfléchir vingt quatre vingt quatre, éreintant, rester assis derrière un bureau, le téléphone à l’oreille, exténuant, déjeuner dans un restaurant, interminable, éprouvant, être toujours en déplacement, en limousine, en avion, pénible, avoir toujours l’oeil sur un ordinateur, faire des conférences, harassant, être sans cesse en représentation, tuant. Un vrai djob, quoi, un truc de dur de dur, pas un truc de gueux. Le deuxième sens, ce serait celui de la prise de risque. La responsabilité écrasante que ça représente. Vous avez pas idée. On a des courbes sous le nez, il faut sans cesse prendre la bonne décision, que le réel colle à la courbe, la dépasse, idéalement. Des décisions écrasantes. Si vous vous trompez, crac, c’est des centaines de personnes qui se retrouvent sur la paille, sans rien. Le sort des autres est leur préoccupation constante, à ces héros. Ils sont les décideurs, vous comprenez. Ils n’en dorment plus. C’est une abomination. Votre sort de pauvres larves dépend entièrement d’eux. Et quand ils vous mettent sur la paille, croyez-moi, c’est toujours avec le coeur brisé. Mais ils ont confiance en vous. Si leurs décisions vous mettent dans la merde, ils savent très bien que vous trouverez la ressource de vous en sortir quand même, parce que vous avez en vous des ressources inexploitées. Ceux d’entre vous qui se bougeront, qui ne penseront pas qu’à se plaindre, s’en sortiront. Et puis, ils ne vous lâchent pas tout à fait. Il y a l’Etat. Ce truc machin bidule, qui prélève les impôts, beaucoup trop d’impôts, c’est normal qu’il vous en reverse un peu, quand même. Que ça serve à quelque chose. Au fond, s’ils prennent de mauvaises décisions, qu’ils ruinent l’entreprise, ce n’est pas si grave. C’est de la sélection naturelle. L’entreprise s’en remettra si elle est viable et forte et vous pareillement. Les meilleurs d’entre vous s’en sortiront. Et eux, bien évidemment, ils seront encore là après. Vous voyez? La prise de risque ça s’appelle. Le courage. Pareil à la bourse. Moi, une chose me fait immanquablement pisser de rire, c’est à quel point ces gens-là ont une notion assez personnelle du mot courage. Pas la peine de trop insister. Vous avez sûrement remarqué que, dès qu’on voit se pointer une mauvaise nouvelle, une crise, un risque de tension, la bourse se vide immédiatement. Comme des lapins, ça détale. Ma cassette!.. Ma cassette!... Et après, quand ça a bien baissé, ça ressort du terrier tout doucement, à l’affût du moindre bruit, de la moindre anicroche. Du courage, on dit. Le seul problème, en fait, c’est la définition du mot courage. Elle aurait varié, ces temps-ci, que ça ne m’étonnerait qu’à moitié.

20/05/2009

Sionisme....

Très délicat débat que celui qui préoccupe une grande partie de l’intelligentsia, débat sur la différence entre sionisme et sémitisme, ou, plutôt, entre anti-sionisme et anti-sémitisme. Je ne suis pas juif. Et, depuis longtemps, je prétends, sans être entendu, sans être, même, écouté, que le problème de la shoah n’est pas un problème devant être exclusivement traité par des juifs. En laissant faire cela, on ouvre la porte à la confusion actuellement paroxystique du juif qui défend les juifs contre les noirs qui plaident pour les noirs, les arabes pour les arabes, las jaunes pour les jaunes, les rouges pour les rouges, etc... Ce piège, peu de juifs y échappent. Ils auraient avantage à laisser la place à des gens comme moi, qui ne sont pas impliqués, du moins directement, dans ce débat, et qui peuvent le poser plus en termes de morale qu’en termes d’intérêt. Je suis certain de ne pas être le seul qui, bien que non juif, peut poser les débats en termes de justice, au sens des “justes” de la seconde guerre mondiale. 


Les anti-sionistes s’appuient sur le livre de Shlomo Sand, historien juif israélien et auteur de "Comment le peuple juif fut inventé", allègrement résumé par l’affirmation:  "Le peuple juif n'existe pas", pour, le croient-ils,  confirmer, selon eux, que la shoah n’est pas ce qu’on en dit, le génocide d’un “peuple”, puisque, pensent-ils, démontrer qu’il n’y a pas de “peuple” implique l’absence de drame historique extraordinaire. Ce qu’ils n’ont pas vu, c’est que, justement, c’est une raison supplémentaire de considérer la shoah comme un moment historique absolument sans précédent et qu’on espère sans lendemain à jamais. Car, un génocide, si l’on en croit le dictionnaire, ce serait  l’élimination radicale d’un groupe ethnique. Cette définition correspond aux génocides aujourd’hui reconnus comme tels: la déportation pour esclavage des peuples noirs d’Afrique, critère ethnique, celui des Arméniens, habitants d’une région, de même que les Kurdes, génocide des Tootsies, génocide des peuples primaires d’Amérique, critères ethniques, mais correspond assez peu au “peuple” juif, finalement, puisqu’il n’y aurait pas de “peuple” juif.  Ce qui aurait présidé à l’élimination des juifs d’Europe, ne serait donc que la stigmatisation d’un croyance. Une idée, une vision, quelque chose d’intime, de l’orde de la pensée. Et ce point en fait bien un génocide “à part”. Aucun des autres ne repose sur une idée autre que le fait que certains humains sont physiquement différents. Pour la Shoah, si j’en crois les laudateurs de Shlomo Sand, aucun critère physique ni géographique, ni d’usage. Rien que l’idée qu’on est juif ou non, par conviction. Ainsi donc, ceux qui croient dénaturer la shoah, en retirant aux juifs du monde entier le droit de se sentir un point ethnique commun, ne font, finalement, que renforcer encore ce qui les dérange: l’exceptionnalité de la shoah.

Chausse-trappe

C’est assez amusant, à condition d’aimer l’humour grinçant, de constater à quel point les socialistes français ne parviennent pas à éviter les pièges sémantiques, dialectiques, de communication pure et simple que leur tend Mr Sarkozy. Comme s’il y avait là un traquenard d’ordre psychologique, une reconnaissance de facto de l’autorité du  président, une crainte, enfin quelque chose d’irrationnel. Le dernier en date, de piège, c’est de répéter à l’envi que la gauche n’aurait qu’une idée à défendre: son opposition au président. Sous entendu, aucun programme, aucune perspective, répandre à tout crin l’idée que la gauche serait comme paralysée. Je ne voudrais pas avoir l’air de voir encore une fois que le roi est nu mais, j’en suis navré, le fait d’être contre Sarkozy est, pour moi, un très beau et très suffisant programme. Si être contre Sarkozy, c’est refuser la privatisation des universités, choisir d’accorder les crédits nécessaires à l’amélioration du fonctionnement des services de santé, accorder à l’école les crédits nécessaires, embaucher des enseignants, rétablir l’impôt pour les plus fortunés, interdire les rémunérations exorbitantes pour les dirigeants, donner les moyens de son exercice à la justice, être contre la répression à outrance, et j’en passe, faute de place, et bien, je suis désolé, mais cela me semble faire un excellent programme de gouvernance pour une future équipe dirigeante. Ce qui m’épate, je l’avoue, c’est qu’il n’y ait personne, à gauche, pour présenter les choses ainsi.

16/05/2009

Mr Bilger

Monsieur Philippe Bilger, Avocat Général près la cour d'appel de Paris, parcourt les médias pour la promotion de son dernier livre: États d'âme et de droit. Je ne vous en conseille pas la lecture. Ces apparitions lui donnent l’occasion de nous entretenir de sa passion pour les peines plancher. Le monsieur a une logique disons répressive. Il est favorable à l’application systématique de sanctions à tout auteur d’un délit. Et d’une peine beaucoup plus lourde encore à tout récidiviste.  Les idées, ce que j’en pense, c’est qu’on est en droit de les avoir. N’importe laquelle. Et c’est plutôt mieux, d’ailleurs, de les exprimer, surtout si elles sont néfastes, parce que cette exposition provoque le débat et, donc, la contestation, elle permet de souligner pourquoi telle est plutôt bonne, telle autre totalement catastrophique; telle autre certainement dangereuse. Mr Bilger n’est probablement pas assez malin pour comprendre le fond de ce qu’il vient de produire. Je vais l’aider. Je suis charitable. La Justice, majuscule, désigne de nos jours celle des Hommes, l’ensemble du processus qui permet d’appliquer la loi, de la moduler suivant les cas, de juger au nom des Hommes, de punir au nom de l’ensemble des humains. Ce ne fut pas toujours le cas. De la justice, je veux dire. Fut un temps où elle était divine. On jugeait non au nom des hommes mais de dieu. De très nombreux siècles. Jusqu’à ce que les esprits éclairés soulignent la possibilité de ne pas tout savoir, exactement, sur un certain dieu et, donc, de ne pas juger strictement comme il le voudrait, s’il existe, du fait qu’on en ignore, il faut le reconnaître, à peu près tout. A ce moment, nous avons basculé vers une justice plus terrestre, basée sur l’analyse des circonstances, des tenants et des aboutissants et tentant de jauger pour chaque cas la peine la mieux adaptée. Cette justice n’a rien, ne peut rien avoir de systématique. C’est donc rien moins qu’un retour en arrière de quelques siècles que nous propose Mr Bilger: le retour à la justice divine, implacable, systématique, sans nuances, terrible.  Un changement de civilisation, tout à fait, malgré la charge que représentent ces mots.Il l’ignore probablement. J’en suis convaincu. Pour ce monsieur, puisque sa proposition est actuelle, elle donc moderne. Et bien non, Mr Bilger, elle est archaïque. Elle est d’un autre temps. Elle n’est en aucun cas un progrès. C’est le type même de la régression. Vous tentez de tirer un trait de plume, imprimé, d’ailleurs, sur l’histoire des Hommes et le progrès, le seul qui vaille, celui de l’esprit. Vous êtes un moyen âgeux. J'espère vous avoir aidé à le comprendre.

02/05/2009

RNUR (Régie Nationale des Usines Renault)

Je me souviens que les usines Renault, les historiques, celles de Boulogne Billancourt, furent nationalisées à la sortie de la guerre, en 1945, par le conseil de la résistance, qui a à son actif la plupart des acquis sociaux sur lesquels nous ne cessons de revenir depuis. La raison en était que Mr Louis Renault avait ouvertement collaboré avec l’occupant allemand, avec qui il partageait certaines vues sur le monde. Exactement comme Mr Henri Ford, d’ailleurs, sauf que Ford, lui, peut être soupçonné d’avoir jusqu’à inspiré Adolphe, alors que Renault n’a fait que suivre.

L’histoire conjointe de l’Etat et de Renault va durer jusqu’en 1996, date à laquelle le gouvernement décida de le privatiser à nouveau. Je n’insinuerai pas qu’il l’a rendu à la collaboration. Le fait qui m’intéresse est le discours qui a prévalu à l’époque. On nous a seriné, rabâché, répété, que la raison la plus évidente de la privatisation était que ce n’est pas à l’état de fabriquer des voitures. Prise hors du contexte, cette phrase a l’apparence du “frappé au coin du bon sens”. C’est vrai, si l’état doit faire des voitures, et doit-il le faire?, pourquoi des Renault et pas des Panhard, des Heuliez, des Unic? Vous voyez, le genre d’affirmation dont les gens, en général, ne savent pas quoi faire à part un bruit de bouche, un haussement d’épaules. Ben ouais!... Alors, on a privatisé dans la joie et l’allégresse. Youpi.

Sauf que nous voilà, treize années plus tard, devant un autre état de fait. L’état, vous, moi, nous, dépense des milliards pour soutenir Renault, Peugeot, Citroën, Heuliez, j’en passe et des pires. On pourrait m’expliquer pourquoi c’est maintenant l’heure de considérer que c’est à l’état de faire des autos?

Il paraît qu’on est dans un régime libéral. Libéral mon cul. Si on écoutait le marché, on fermerait les portes de toutes les usines automobiles françaises, qui n’ont pas su s’adapter, inventer, innover et qui sont bien embarrassées pour nous refiler leurs vieux tacots d’un autre âge, avec, en plus, pour cause de mondialisation, un tas de constructeurs étrangers qui, eux, l’ont très bien fait. Si on était véritablement dans un régime libéral, les usines françaises seraient foutues. Elles vont survivre. On n’est pas sous un régime libéral. Sornettes, communication, propagande, manipulation. N’oubliez pas d’aller acheter des actions dans l’automobile. On va mettre le paquet pour que ça dure.....