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29/06/2009

Madoff... 150 ans

Madoff, quelques milliards de dollars en fumée, des “victimes” par millions, 150 ans de prison. Bon, si vous m’avez déjà lu, vous savez que, pour moi, les billets, au départ, c’est déjà du vent... Transformer du vent en fumée ne représente pas à mes yeux un délit impardonnable. Je peux aussi vous parler des “victimes”. Un tas de gens qui ont “placé” leur cher pognon sur des placements à risque censés rapporter 12% l’an... Au minimum... Mais, moi, je n’appelle pas ça “placer”, j’appelle ça jouer. Les “pov’” gens ont “placé” leurs économies pour qu’elles croissent et multiplient.. Enrichissez-vous!... Ils ont joué.. Ils on perdu. J’appelle ça perdant, pas victime. Moi, mes économies, elles n’ont pas souffert de la crise, j’en ai pas!....  Comme la majorité des gens simples sur cette terre...

D’un autre côté, on a quoi, Bush, par exemple, des millions de morts, en Irak, ailleurs... Sentence: une retraite paisible.... Nous avons qui d’autre? Poutine!... Des millions de morts aussi, en Afghanistan, en Tchétchénie, en Russie même... Sentence: président à vie.... Quoi d'autre? Jackson!. Michael!.. Un adulescent totalement taré qui a plus ou moins tripoté des enfants et gaspillé des milliards, lui aussi... Sentence: A jamais la star planétaire....

Cette différence de traitement , qui fait, au quotidien, que vous êtes bien plus certain de passer le restant de vos jours derrière des barreaux en pillant une banque qu’en assassinant vos enfants, on appelle ça une civilisation. Certains prétendent que l’occidentale est la forme la plus évoluée de civilisation, jusqu’à aller insulter les Africains, chez eux, à Dakar, en leur reprochant de ne pas l’être assez, civilisés....

Si ces gens, les Africains, ce qu’ils rejettent, ce à quoi ils ne veulent pas participer, c’est à ce qui précède, je vous l’avoue, cela me les rend plutôt sympathiques....

23/06/2009

Sur les choses, mettons des mots..

Pour vous aider un peu, je devrais peut-être vous indiquer de quel mal je crois notre souverain atteint: c’est un pervers narcissique. Pour juger d’à quel point je pourrais bien avoir raison, je vous invite à copier la locution et à la coller dans votre moteur de recherche préféré. Vous verrez, c’est édifiant. Pour résumer, disons: mensonge permanent, manipulation, toute puissance et, surtout, surtout, le fait que ses victimes sont toujours désignées par lui comme les responsables, les coupables, de leurs malheurs.

Burka

J’ai toujours un peu de mal à croire pleinement aux coïncidences, particulièrement en politique, je vous l’avoue. Non que j’entretienne quelque croyance que ce soit en un “destin” quelconque ou bien un “complot” permanent. Je suis plutôt  du genre “à l’affût” des détails qui se recoupent.

Ce que j’ai vu de notre président en campagne, c’est son “allégeance” aux États-Unis. Le retour de la France dans le giron américain. Fait marqué par une ou deux visites à un certain G. Bush. Indéniablement, notre président est un fana de la terre de “tous les possibles”. Le rêve américain, il connaît. En conséquence, on pouvait s’attendre à une certaine “yankeesation” de la société française. Ceci s’avère, peu à peu, et à peu près dans tous les domaines. Economique, évidemment, mais également judiciaire, avec la réforme de l’instruction, l’apparition du “plaider coupable”, militaire, également, avec, par exemple, l’arrivée de l’armée française à Abu Dhabi, le retour de la France dans l'Otan, bien d’autres choses, et, bien entendu, la réforme de la constitution aboutissant au “discours sur l’état de l’Union” à la française auquel nous avons assisté le 22 juin. Mais, depuis l’élection de notre cher naboléon, Mr Obama a été élu. Obama n’est pas du tout le modèle de notre cher teigneux qui en est resté à Bush, son idole. Si vous voulez connaître votre avenir, je vous conseille un coup d’oeil sur la société états-unienne de Georges W.. Casse du social, népotisme, agressivité à l’international, répression des classes populaires, prisons privées, lobbying, nous allons avoir la totale. Mais Obama, non. Il est trop grand et puis il est noir. Je ne parierai pas ma tête sur les convictions antiracistes de notre vindicatif leader. Notre gnome, je vous l’ai déjà dit, est un envieux. Un envieux doublé d’un fanfaron, immensément sensible à l’apparat, aux signes de puissance. Bling bling, certes, mais, au-delà, très attaché aux symboles de son pouvoir, comme, je vous en ai déjà entretenu, par exemple, le fait de choisir Versailles pour le congrès, le mot de “Grenelle” pour les tables rondes, la reprise systématique de tous les symboles anciens à son profit. En accédant à la fonction de président de la république française, il s’est figuré entrer dans le club très fermé des dirigeants importants de la planète. Des tas de signes montrent qu’il se prend pour l’un de ceux qui comptent. A mon avis, il se verrait bien président du monde. De l’Europe pour commencer. Et c’est pas un grand noir de gauche qui va l’emmerder. L’autre, vous l’aurez remarqué, le snobe totalement, le considérant pour ce qu’il est, un dirigeant subalterne d’une demi-puissance mondiale sur le déclin. Je suis certain que cette attitude nous le met en furie, le nabot. Je le vois très bien trépigner de rage à la manière d’Agecanonix sur lequel personne ne veut jamais taper à cause de son âge. Enragé.

Dans ce contexte, je ne parviens pas à croire que l’arrivée du débat sur la Burka en France puisse être considéré comme tout à fait hasardeux. Dans son discours du Caire, Mr Obama a évoqué “ces” pays où les femmes n’ont pas le droit de se vêtir comme il leur plaît. Suivez mon regard. Et bien je vous fous mon billet que l’apparition du débat ces jours-ci est une réponse à cette mise en cause. Nicoléon a dû avoir une réaction du genre: il se prend pour qui, ce grand negro, pour nous dire ce qu’on a à faire? Tu vas voir, mon pote!...

Je n’ai absolument pas pris la défense de la Burka. Je suis contre, totalement, et, s’il n’y  avait que moi, le foulard lui-même serait interdit, avec les croix, les kippas, on raserait les mosquées ET les églises ET les temples ET les synagogues.... Ce que j’affirme, c’est que ce débat assez nauséabond, sur lequel le consensus national sent le rance et le racisme, ce débat, il ne nous arrive par aucun hasard, aucune coïncidence.

22/06/2009

Iran

Bon, je vais encore râler. Introduire un peu de nuances dans un débat qui ronronne autour du consensus, des bons sentiments et du manichéisme. Je veux parler des élections en Iran. Je vous l’avoue, je trouve assez suspecte la propension que nous avons à juger, de ce côté-ci du monde, que certains peuples votent de manière tout à fait inconvenante. STOP!.. Je n’ai pas dit que les élections iraniennes n’ont pas été pipées. Ce que je tente d’introduire, c’est qu’on n’en sait pas grand chose, en vérité. On ne sait pas, par exemple, si le trucage a modifié fondamentalement le résultat. On ne peut pas exclure que certains Iraniens aient pu soutenir, malgré notre logique, leur cher dictateur. On aurait vu pire. Voyez côté Poutine ou Berlusconi. On ne sait pas, vraiment pas, si Ahmadinejad n’aurait pas, sans la triche, fait quand même partie du peloton de tête et, ainsi, acquis le droit à un second tour. Ce que nous avons jugé, c’est qu’il n’est pas le bon candidat. Cela, nous le devons à l’énorme espoir que nous avions investi dans sa défaite possible. S’il avait été battu, nous croyons (j’ai utilisé le verbe ”croire” à dessein) que cet événement aurait résolu d’un coup tous les problèmes de sécurité mondiale que nous pose ce régime. Qu’en savons-nous, en vérité? Que savons-nous, en réalité, des intentions de celui que nous considérons comme le sauveur? Il est absolument évident que nous prenons la prérogative de choisir pour les Iraniens le nom de celui qu’ils doivent porter au pouvoir. Il me semble voir là une certaine ressemblance avec les élections palestiniennes qui avaient porté le Hammas au pouvoir. Dans les deux cas, nous ne sommes pas contents du choix d’un peuple. Vous me direz, en Palestine, le trucage n’a pas eu lieu. Avec toutes les objections sus-citées, je vous concède qu’il semble effectivement que les urnes n’aient pas exactement délivré le message transmis par le peuple. Encore une fois, c’est assez curieux, cette acuité sur celle élection-ci. Que je sache, par exemple, l’élection de Bush n’a pas été un modèle d’honnêteté... Qui a protesté? Que je sache, les 90% obtenus par tous les dictateurs africains ne suscitent aucune protestation. Que je sache, Poutine est à peu près assuré d’une présidence à vie. Tous ces gens ont une opposition. Parfois très forte. L’avons-nous soutenue dans ses combats pour la démocratie?

Je le crains, nous sommes encore une fois dans le phantasme et la glu des bons sentiments. Et nous sommes une fois encore manipulés par je ne sais qui, cherchez à qui profite le crime, incités à la révolte contre un personnage, Ahmadinejad, qui pose effectivement au monde des problèmes assez graves. Ne me faites pas dire ce que je ne pense pas. Moi aussi, je me serais réjoui de son départ. Mais ce à quoi nous prêtons la main n’est peut-être pas aussi simple qu’il y paraît. Il ne s’agit pas forcément de rendre à un peuple opprimé sa victoire légitime. Peut-être s’agit-il simplement d’une tentative de renversement d’un dictateur pour le remplacer éventuellement par un autre, un peu différent, mais ouvert à notre vision de l’ordre du monde. Nous soutenons un mouvement qui ne peut que se terminer dans le sang. J’ose espérer que le sang qui coule et celui qui va couler aboutiront bien à une amélioration de la condition de ce peuple et pas seulement à sa reddition à l’ordre mondial établi par les bien pensants de tous poils.

11/06/2009

Hadopi

La loi Hadopi fait encore parler d’elle. Hier, le conseil constitutionnel l’a retoquée. Très rapidement, les adversaires de cette loi ont crié victoire. Jusqu’à ce que Mme Albanel réaffirme la volonté gouvernementale de pousser cette loi malgré tout, au risque d’avoir une loi parfaitement inapplicable, du moins pour ce qui concerne son volet sanction. C’est marrant, je dois avoir des oreilles assez spéciales, peut-être partiales, bornées, mais j’ai immédiatement entendu le fond du problème. Si le gouvernement persiste malgré le fait que son projet est vidé de la disposition qu’il présente comme la plus essentielle, ne serait-ce pas parce que cette disposition, la sanction, est, finalement, subalterne, et que la volonté est ailleurs? Et j’ai trouvé, figurez-vous. Cette loi établit un contrôle d’internet. Un contrôle légal. Sous prétexte de vérifier vos illégaux téléchargement, le gouvernement va mettre en place un système de surveillance de vos ordinateurs. Légal, le système. Comme tous les gouvernements du monde, le français va mettre la main sur le contenu de la toile. Nous nous battons pour le droit à télécharger et c’est autre chose que nous allons perdre. Le droit à l’expression libre. Le droit à la contestation, à l’information. Et cela de manière tout à fait indolore. Parce que le gouvernement nous aura jeté un os à ronger, sur lequel nous nous sommes précipités. Je vous parie que, en ce moment, ça doit bien rigoler dans les allées du pouvoir.

Mort du PS

Ça y est, le Landerneau médiatique a son nouveau sujet: le PS serait mort. Remarquez, il serait temps qu’il se réveille. La sociale démocratie est branlante depuis un moment.... Le problème que lui pose notre époque est relativement simple, et beaucoup de “clercs” l’ont déjà souligné, il tient à son impossibilité, son refus, de gérer une contradiction incontournable des sociétés modernes: l’opposition entre l’individu et le collectif. Je me suis déjà exprimé sur le sujet, ainsi que l’ont fait, par exemple, Philippe Corcuff, certains membres du parti de gauche et même certains au PS lui-même. L’idée tourne autour du concept d’individualisme de gauche. L’individualisme est tout sauf un égoïsme. Il est un moteur puissant du progrès humain, pas du progrès matériel, du progrès des idées. Absolument toutes les “grandes” idées humaines sont les conséquences de la réflexion d’un individu. Les meilleures comme les pires. La face du monde a changé grâce ou à cause d’hommes comme Platon, Kant, Galilée, Einstein mais aussi Taras Boulba, Hitler, Napoléon ou encore Henri Ford, De Gaulle ou Herbert Von Braun. L’humanité ne peut pas se passer de la pensée de chacun de ses membres. Et aucun humain ne peut prédire quelle sera l’idée et, par conséquent, l’individu, qui bouleversera demain l’ordre présent. Or, la gauche fustige l’individualisme, jusqu’à le désigner comme l’unique responsable des catastrophes sociétales actuelles. Volontairement, par un aveuglement coupable, la gauche, la plus grande partie de la gauche, entretient la confusion entre individualisme et égoïsme. Elle se piège elle-même. D’un côté, elle désigne l’individualisme à la vindicte. De l’autre, il ne faut pas être grand clerc pour constater que ses membres influents sont absolument tous mûs par ce qu’ils qualifient eux-mêmes d’individualisme, qui n’est en fait qu’un égoïsme égocentrique. Cela s’appelle couper la branche sur laquelle on est assis. A la fin, lorsque la branche est sciée, elle tombe, entraînant avec elle tous ceux qui s’y trouvent.

Personnellement, j’ai fréquenté beaucoup de Verts et j’en côtoie encore quelques uns. Ces gens ne sont pas politisés. Rien chez eux, aucune trace, de la mythologie de gauche. Ils détestent la révolution, française, soviétique, chinoise, mexicaine, aucune, leur idole littéraire n’est pas Zola ou Aragon, ils ne partagent rien avec le “peuple de gauche”. La plupart d’entre eux n’ont qu’une motivation: ce qu’il y a dans leur assiette, la qualité de l’air qu’ils respirent, l’état de la planète qu’ils laisseront  à leurs enfants. Des préoccupations on ne peut plus individualistes. Pourtant, depuis 1997, les Verts se sont clairement situés à gauche de l’échiquier politique. Une gauche humaniste, réformiste, pleine de bons sentiments, de charité, très critiquable, mais, une gauche. Une gauche qui fait, sans le savoir, à la Jourdain, la synthèse entre l’individu et le collectif. Mes intérêts sont ceux du plus grand nombre. J’ai bien écrit “une” synthèse. A mon humble avis, il en existe d’autres, dont certaines beaucoup plus radicales et beaucoup plus en relation avec le passé de la “classe” ouvrière. Pour autant, je suis certain qu’il faut voir dans ce positionnement la raison de leur succès.

La solution de rénovation de la gauche, nous sommes plusieurs, beaucoup, à la décrire: elle consiste en une réflexion autour du concept d’individualisme de gauche, une réflexion qui lèverait d’emblée l’apparent paradoxe que contient cette locution.

09/06/2009

Barre à Vert....

Chantal Jouanno, secrétaire d'État chargée de l'écologie, de l'environnement et du développement durable, France Culture, Mardi 9/06/2009, 18h20 (SGDA): “l’écologie, ça augmente la démocratie, nous devons augmenter notre démocratie, et tout ce qui concerne la démocratie, le président, ça, il aime”. Ainsi donc, ainsi donc, notre cher président aimerait la démocratie. L’affirmation a de quoi surprendre. A priori, on le croirait plutôt autocrate, mais bon!.. Il faut savoir revenir parfois sur ses à-prioris.... Donc, la mise en route d’un grand chantier écologique s’annonce. Nous allons voir ce que nous allons voir... Arthus-Bertrand est promu héros national, Cohn-Bendit au rang de visionnaire, le nucléaire discrédité, on se dit... tiens!... Quelle mouche le pique?... Allez, calmez-vous, retournez à la bière et au canapé, il ne se passe rien. Nicolas a trouvé encore une bonne idée pour vous manipuler... Je suis désolé. Il va vous demander votre avis. Il va le faire. Je n’ai aucun doute. Il va vous proposer des mesurettes, récupérer des idées que d’autres défendent depuis un siècle, accompagner, surtout, ça c’est très important, vous savez, se mettre en tête de la manif au moment de la photo, en faisant croire qu’on y était et, en plus, en tête, comme tous les résistants de 44, vous voyez? Il va le faire. Ce qu’il va vous proposer relèvera du “bon sens”.. Des choses simples, évidentes, que nous ne pourrons refuser. Peut-être même qu’il se paiera le luxe d’un vote. Et nous voterons tous oui, tous sauf les très très sales caractères, les sectaires, comme il convient de dire. Au total, nous aurons gagné des mesures de toute façon inévitables, non pour la planète, mais parce que leurs mises en oeuvre ont déjà commencé et lui, notre cher Prezz., il aura encore gagné, pure démagogie: en apparence, nous lui devrons les mesures qui sauveront notre avenir menacé et, en plus, nous aurons, bien involontairement, donné notre avis et “augmenté” la démocratie en France sous un régime on ne peut plus autoritaire..... La victoire totale. De quoi être content, content... Pauvres de nous!....

08/06/2009

Europe

Tenir une tribune “politique” et éviter le commentaire sur les élections qui viennent d’avoir lieu est, d’une part, assez peu justifiable, et, d’une autre, de l’ordre du renoncement au jeu de l’exercice obligé. N’ayant aucun goût pour le commentaire badin et le hurlement conjoint avec mes congénères lupiens, ayant une tendance à assumer ma conviction que les problèmes sont toujours beaucoup moins simples qu’on l’imagine de prime abord, je vais vous la faire “poétique”. Et je vais, pour cela, ressusciter l’un des poètes de mai 68, Jean-Michel Karadec. Comprenne qui pourra....

La branche a cru dompter ses feuilles
Mais elle en portera le deuil
Et l'emportera au tombeau
L'automne fera pas de cadeau
Au royaume de France

Mai 68 - Jean Michel Karadec

02/06/2009

Pince-nez

Pendant des décennies, la génération qui m’a précédé nous a fait le coup du : on ne savait pas. Il s’agissait bien entendu du sort des Juifs durant la seconde guerre mondiale. Les gens ordinaires ne savaient pas, paraît-il, ce qui attendait les Juifs embarqués dans des trains pour l’Allemagne. Les Juifs eux-mêmes l’auraient, paraît-il, ignoré. Là-dessus, arrive ma génération, celle qui va faire 68, qui s’est assez rapidement montrée sceptique face aux aînés. La question qui nous taraudait était simple: qu’avez-vous fait pendant la guerre? Collaboré? Résisté? Notre motivation était tout à fait personnelle: étions-nous fils de héros ou fils de salauds? Il faut vous dire qu’au sortir de la guerre, le Général de Gaulle, lui-même héros de la résistance, n’a pas été très regardant avec la lâcheté de ses contemporains. Mieux, il les a absous au nom de la réconciliation nationale. Le passé avait passé. On ne la trouvait pas si simple, l’histoire, et un peu grosse, la ficelle. On a fouillé. Comme les fouille-merde qu’on était. Et ce qu’on a levé sentait le rance et le pourri. Héros, mes fesses. Tous résistants, mon oeil!.... Un tas de gens très quelconques qui ont surtout pensé à sauver leurs fesses en faisant souvent fi de la morale, de l’humanisme, des valeurs républicaines. C’est ce qui nous a valu très rapidement le très spécieux: et vous, qu’est-ce que vous auriez fait? Mais les questions, c’est nous qui les posions. De fil en aiguille, on en est arrivé assez vite à la remise en cause du dogme “on ne savait pas”. Les langues se sont déliées. Aujourd’hui on sait que, à partir de 1942, au maximum, tout le monde savait où menaient les voies ferrées nazies, y compris les Juifs eux-mêmes.

Le doute n’est aujourd’hui plus permis: ils savaient, ce qui ne les a pas empêché de dormir. La conclusion, imparable, c’est que nous sommes effectivement des enfants, des petits-enfants, de salauds. Un temps, nous avons été très contents de cette conclusion. Nous étions mieux que ceux qui nous ont précédés. Ils savaient, ils n’ont rien fait. Si, nous, nous avions su..... Manque de pot, la fin du vingtième siècle arrive. Avec elle les génocides du Rwanda, de Bosnie, du Congo, du Darfour, avec elle, les guerres d’Afghanistan et de  Tchétchénie, les massacres du Liban, de Gaza, le traitement des Roms et les politiques migratoires européennes, le sort indigne fait aux sans-papiers, l’absence de traitement du sida en Afrique; et beaucoup d’autres, hélas!.... Et nous, NOUS, cette fois, nous ne faisons rien. Nous savons et nous ne faisons absolument rien. Si nous avions su, disaient nos aînés. Si nous avions su, rien du tout. D’abord, vous saviez, ensuite, sachant, vous avez fait comme nous: vous avez fermé les yeux.  Nous ne valons finalement pas mieux, pas moins, que nos anciens. Nous sommes tous des salauds ordinaires. Le procès est terminé. Le verdict, ce n’est pas que nos aînés ont fait ce qu’ils pouvaient, qu’ils ont voulu vivre d’abord, qu’ils sont humains et, par là, faillibles. Le verdict, c’est bel et bien que nous sommes tous du même bois et que nous sentons tous, vieux, jeunes, avant, maintenant, le pourri et le rance. Peut-être aurons-nous, et je n’en suis pas certain, l’honnêteté de reconnaître, cette fois, lors du prochain procès générationnel, qui ne manquera évidemment pas d’arriver, d’avouer, que oui, nous savions. Ce serait au moins un peu plus digne que l’attitude de nos prédécesseurs.