Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

30/04/2009

Virus

Vous parler du virus, à chaud, le type même de la fausse bonne idée. Même si c’est pour médire. En fait, ça ne fait que participer à l’humeur ambiante. Calomniez, calomniez, il en restera toujours quelque chose, disait (peut-être) Beaumarchais. En parler, en bien, en mal, c’est en parler, lui attribuer de la consistance. Comme dieu. J’aurais préféré ne rien dire. Je vais quand même vous faire part de ma circonspection: il tombe drôlement bien, ce virus, non? Mes aînés disaient que, comme par hasard, c’est toujours le week-end qu’il pleut. Que le grand ordinateur n’est pas du côté des masses laborieuses. Ce virus, en pleine contestation globale, qui pourrait donner prétexte à l’interdiction des rassemblements populaires, c’est pas de bol, quand même. Un hasard? Là, j’avoue, je doute!...

28/04/2009

Travail

Les usines ferment. La crise en serait la cause. Si, comme moi, il vous arrive d’entendre des témoignages d’employés licenciés, peut-être aurez-vous remarqué que leur principale récrimination ne porte pas principalement sur les conditions matérielles de leur existence future, même si elles comptent, non, ce qu’ils réclament par dessus tout, c’est une place dans la société, une utilité, une raison d’être. Toutes choses qui, pour eux, tiennent manifestement au fait d’avoir ou non un travail. Cette conception du travail, directement héritée de notre passé chrétien, mais aussi révolutionnaire, est, pour certains, dont je suis, la raison même du malheur des employés et des ouvriers. J’en entendais un, ce jourd’hui, se plaindre du fait que nous marcherions sur la tête. Lui-même parlait de l’étrangeté d’un monde où une minorité, les riches, les puissants, disposent à leur guise de la force de travail du plus grand nombre. Je pense avec lui que nous sommes cul par dessus tête. Mais, quant à moi, je le pense en raison du fait que les ouvriers font la queue pour une place à l’usine, un emploi de forçat, une volontaire torture, un avilissement consenti. Nous sommes à l’envers parce qu’en toute logique, ce sont les patrons qui devraient nous supplier de consentir à sacrifier notre vie et notre liberté pour travailler durement dans leurs ateliers pour un salaire qui ne pourra jamais compenser ce renoncement.

Je vous livre ici un texte de Paul Lafargue, propre gendre de Karl Marx, écrit en 1883 (il est bien écrit 1883), qui vous montrera que je ne suis pas le seul à penser ainsi que je le fais et que mes idées ne sont en rien neuves.

«.....Douze heures de travail par jour, voilà l'idéal des philanthropes et des moralistes du dix-huitième siècle. Que nous avons dépassé ce nec plus ultra! Les ateliers modernes sont devenus des maisons idéales de correction, où l'on incarcère les masses ouvrières, où l'on condamne aux travail forcé pendant 12 et 14 heures, non seulement les hommes, mais les femmes et les enfants! Et dire que les fils des héros de la Terreur se sont laissés dégrader par la religion du travail au point d'accepter, après 1848, comme une conquête révolutionnaire, la loi qui limitait à douze heures le travail dans les fabriques; ils proclamaient, comme un principe révolutionnaire le Droit au travail. Honte au prolétariat français! Des esclaves seuls eussent été capables d'une telle bassesse. Il faudrait vingt ans de civilisation capitaliste à un Grec des temps antiques pour concevoir un tel avilissement.

Et si les douleurs du travail forcé, si les tortures de la faim se sont abattues sur le prolétariat, plus nombreuses que les sauterelles de la Bible, c'est lui qui les a appelées.

Ce travail, qu'en juin 1848 les ouvriers réclamaient les armes à la main, ils l'ont imposé à leurs familles; ils ont livré, aux barons de l'industrie, leurs femmes et leurs enfants. De leurs propres mains, ils ont démoli leur foyer domestique, de leurs propres mains ils ont tari le lait de leurs femmes: les malheureuses, enceintes et allaitant leurs bébés, ont dû  aller dans les mines et les manufactures tendre l'échine et épuiser leurs nerfs ; de leurs propres mains, ils ont brisé la vie et la vigueur de leurs enfants. Honte aux prolétaires! Où sont ces commères dont parlent nos fabliaux et nos vieux contes, hardies aux propos, franches de la gueule, amantes de la dive bouteille? Où sont ces luronnes, toujours trottant, toujours cuisinant, toujours courant, toujours semant la vie, en engendrant la joie, enfantant sans douleurs des petits sains et vigoureux? Nous avons aujourd'hui les filles et les femmes de fabrique, chétives fleurs aux pâles couleurs, au sang sans rutilance, à l'estomac délabré,aux membres alanguis! Elles n'ont jamais connu le plaisir robuste et ne sauraient raconter gaillardement comment l'on cassa leur coquille! Et les enfants? Douze heures de travail aux enfants! Ô misère! Mais tous les Jules Simon de l'Académie des sciences morales et politiques, tous les Germinys de la jésuiterie, n'auraient pu inventer un vice plus abrutissant pour l'intelligence des enfants, plus corrupteur de leurs instincts, plus destructeur de leur organisme, que le travail dans l'atmosphère viciée de l'atelier capitaliste.»




Le Droit à la paresse (Réfutation du «Droit au travail» de 1848), Paul Lafargue, 1883, éditions «Le temps des Cerises», pages 50,51.

20/04/2009

Sauver le système

Les emplois valsent. Avec eux, les chiffres du chômage. Mais, bien plus gravement, s’ensuivent la perte de revenu, la misère, l’impossibilité de se loger, de manger, de vivre, tout simplement, pour une part croissante de la population mondiale. Tout ça à cause d’une crise plutôt virtuelle, si vous y pensez. Des zéros alignés sur des écrans qui s’évaporent. Manque de pot, cette virtualité, les possédants vont vous la faire payer. C’est que nous vivons dans un système où les flux vont toujours dans le même sens. L’argent sort de la poche des plus humbles pour aller dans les coffres des banques. Je ne saurai trop vous conseiller, dans ce moment paroxystique, la lecture du “droit à la paresse” de Lafargue. Je dis bien la lecture. Ce texte passe pour être connu. Je ne suis pas certain que tout le monde sache vraiment ce qu’on y trouve.

La crise a bon dos, entend-on dire, de-ci, de-là. Quelques voix s’élèvent, assez isolées. C’est pourtant une évidence. Les entreprises mondialisées sont, depuis des lustres, à la recherche de moyens indolores de supprimer des emplois partout où la protection sociale, conquête des travailleurs, faut-il le rappeler, est jugée trop importante, trop encombrante, nuisible à la croissance, pour créer des postes partout où elle est inexistante. La crise est une opportunité que, bien entendu, elles ne laissent pas passer, elles! Car cette crise pouvait être l’occasion d’une révolution. Une douce révolution, comme les aiment les gens dits civilisés. Une révolution que nous avons, nous, ratée. Car cette crise a montré les limites d’un certain mode de développement. L’automobile est sous perfusion. Que n’en avons-nous profité pour solder cette industrie absolument obsolète. Je ne dis pas qu’il ne faut plus d'autos. J’affirme qu’il en faudrait d’autres. Nous avons un énorme problème d’énergie au niveau mondial? Que n’avons-nous profité de la crise pour mettre en place des solutions réalistes et solder les problèmes liés à la production actuelle d’énergie? La Terre a un problème pour nourrir ses enfants? Que n’avons-nous profité de la crise pour mettre en place des solutions au problème de la faim, de la production de denrées alimentaires? Nous avons manqué le rendez-vous qui nous a été donné.

Dans cette période troublée, un problème resurgit, qui est constant dans nos sociétés depuis leur début: celui de la violence. L’échappatoire à la contrainte peut, pourrait, être violente. Il s’agit donc de la condamner rédhibitoirement. Les prisons craquent sous le nombre des détenus, on renvoie chez eux les personnes étrangères jugées surnuméraires, les forces de l’ordre ont carte blanche pour réprimer, les tribunaux tournent à plein. Il faut absolument, par tous les moyens, que les opprimés renoncent à une éventuelle expression brutale de leur révolte. Évidemment, nos dirigeants, nos maîtres, n’ont aucun intérêt à ce qu’on en revienne à la loi du plus fort, la réelle loi du plus fort, celle des coups, de la bagarre, du meurtre. J’en connais un, en particulier, qui, à cause de sa petite taille et de sa musculature avachie, sait très bien que, dans le cas où les fessées se remettraient à voler, il aurait mal au cul. Vous remarquerez que la question de la révolution violente revient beaucoup dans les entrevues accordées aux médias par les tenants de la radicalité, souvent sommés de s’engager à n’y jamais avoir recours.

Au passage, Je voudrais ici stigmatiser l’attitude conciliante à l’extrême de certains syndicats,et certains partis politiques, collaborationnistes à outrance, qui semblent d’accord pour sauver ce qui peut l’être dans l’ordre établi. En particulier la CFDT. Serait-ce en raison de ses racines chrétiennes, toujours est-il qu’elle semble persuadée que la seule politique possible est celle de tendre l’autre joue après une claque. Pas besoin d’insister sur le fait que, pour eux, sauver ce système, c’est sauver leur positionnement d’élite de la nation.

Je pense, quant à moi, que la violence n’est pas condamnable “en soi”. Le devoir de tout homme est d’en contenir les manifestations quotidiennes et intempestives. Mais nul ne pourra jamais l’éradiquer, la dominer totalement, l’ôter de l’esprit de l’Homme dont elle est partie intégrante,  et je pense qu’elle doit rester, en arrière plan, comme une solution ultime. Je parle, par exemple, de la Résistance durant la seconde guerre mondiale. Les tenants du système, quant à eux, nous jouent sur ce sujet la belle comédie des bonnes mœurs. Ils condamnent avec la plus grande énergie la violence de la rue qui pourrait causer leur perte, en faisant très hypocritement l’impasse sur d’autres violences, bien plus sournoises, mais tout aussi efficaces. La violence sociale, le racisme, l’exclusion, la discrimination, l’exploitaion, toutes formes très utiles au système et qui tuent assez quotidiennement.

Certains des exaspérés du néolibéralisme continuent de penser, avec Marx, que le capitalisme périra d’un mal qui lui est consubstantiel: le profit immédiat. D’autres, plus modernes, plus informés, savent très bien que, hélas, le capitalisme ne peut mourir de lui-même et que, même au bord de rendre gorge, il trouve toujours la ressource de sa survie.

Dès les premiers instants de cette crise, pourtant, nos mondiaux dirigeants vous avaient avertis: il faut sauver le système. CE système!.. Celui-là même qui repose sur la guerre, les tueries,  l’injustice, la faim des humbles, un système de mort et porteur d’aucun avenir. Et, manifestement, nous allons accepter de le sauver.

Il ne vous reste donc qu’à consommer. Acheter de plus en plus d’écrans plats, de téléphones, d’automobiles, de patins à roulettes, de montres, vendre des armes, des mines, des avions, toutes choses dramatiquement inutiles à la préservation de l’espèce mais qui pourront, c’est le plus important, sauver le système. Combien de temps l’accepterons-nous? C’est une question que, de tout évidence, nos dirigeants ne se posent pas. Ils ont confiance en notre veulerie.

19/04/2009

Je m'excuse mais merde!

D’accord, notre dame du Poitou n’a pas été élue présidente de la république, d’accord, elle est autant de gauche que moi de la planète Mars, néanmoins, elle peut se targuer de représenter environ quarante trois pour cents des français, ceux qui ont voté pour elle. Cela ne l’autorise en rien à parler au nom du peuple français. Cela lui permet de s’exprimer au nom de ceux qu’elle représente. Elle peut également se vanter d’avoir bien lu son La Fontaine. La mouche du coche en particulier. Elle a trouvé comment rendre fous les membres de la majorité. Et, fous, c’est un euphémisme. Enragés. Et pas que les plus virulents.

Je ne trouve pas indignes les excuses faites aux peuples et aux gouvernants étrangers pour le fait que notre cher nabot-léonien est, c’est connu, disons, doté d’une certaine vulgarité langagière, trivialité dont il a maintes fois fait montre sur notre territoire. Qu’une personne en vue, française, représentant une partie du peuple importante, s’autorise à s’excuser de la grossièreté brutale de notre petit roi ne me paraît pas bien plus impoli que la cuistrerie du dit sire et son comportement frisant l’obscène. Nous ne sommes pas obligés de nous y associer.

D’accord, le rôle que s’accorde Mme Royal est un peu usurpé. Mais, le pire , n’est-ce pas ce que nous tolérons de notre cher président? Encore une fois, si Mr Sarkozy tient à ce que tous les Français, y compris les dirigeants de l’opposition, respectent sa fonction, il devrait peut-être commencer par la respecter lui-même et s’abstenir, entre autre, de ses écarts de langage avec quoi je ne me sens aucunement solidaire. S’il est le représentant légitime des Français, cela ne l’autorise en rien à donner de nous une image si dégradée.

A mon avis, si la dame en blanc insiste (et je sens qu’elle va insister), notre petit roi va finir par se méfier des conséquences de ses mots odieux. N’est-ce pas une bonne chose?

15/04/2009

La baisse

Pour un populiste tel que notre cher N.S., baisser dans les sondages est sûrement la pire des choses. Pour l’égo, c’est entendu, mais également politiquement. Pour asseoir sa politique réactionnaire, il est très important qu’il puisse s’appuyer sur une ou deux études d’opinion qui démontrent que les plus viles idées ont le soutien d’une part importante, voire majoritaire, de l’opinion. La descente le condamne à trouver une autre manière de diriger, ce dont je doute qu’il soit capable. Le voici donc dans des sables mouvants où il s’est lui-même aventuré. Tout le monde vous le dira, dans cette situation, l’agitation est la pire des choses. Notre cher vizir n’est pas près de s’en sortir. S’il doit se calmer, il va falloir l’aider. Radicalement. Notre Zébulon est viscéralement incapable de calme. La castration chimique, peut-être? Ou bien tester sur lui les nouvelles molécules qu’il souhaite voir apparaître pour résoudre les problèmes des criminels qui ont accompli leur peine ou les schizophrènes. En tous cas, je lui conseille d’agir vite. En plus, je soupçonne qu’il ne pourra compter sur l’aide de personne. Il a semé tant de haine et de rancœurs que les autres ne vont lui tendre, pour l’aider soi-disant, que des bâtons merdeux. Se salir les mains, je ne sais pas si c’est son genre. Même dans les cas extrêmes.

07/04/2009

La Turquie

La Turquie ne fait pas partie du continent européen. Mr Sarkozy est formel. Regardez une carte, vous verrez comme moi que le caractère péremptoire de cette affirmation laisse dubitatif. Malgré une ignorance crasse en matière sportive, il me semble que les compétitions européennes incluent, elles, des clubs turcs. Les sportifs auraient-ils l’esprit plus large que nos dirigeants? Vous me direz, il y figure aussi des clubs israéliens. Bien que ce ne soit pas le débat, ne pensez-vous pas que ce serait une bonne idée que d’inclure Israël à l’Europe politique? N’aurions-nous pas là un moyen de contraindre cet état à plus de démocratie envers ses voisins et ses citoyens, tous ses citoyens? Mais revenons à la Turquie. Obama, lui, semble d’un avis différent, et verrait d’un bon œil l’entrée des peuples turcs au sein de l’union européenne. Intérêts stratégiques? Certes! Mais ne faut-il pas voir à cet abord différent d’autres raisons? Les origines d’Obama, d’évidence. Ses racines musulmanes lui font sûrement moins craindre la turquie laïque et musulmane qu’à d’autres. J’en vois une autre. Bien que peu loquace sur le sujet, il semblerait que Barack soit un tantinet mollasson sur les convictions religieuses. Athée, non. Pas officiellement. On ne peut être élu président des États Unis si l’on se dit athée. Mais peu virulent, en tous cas beaucoup moins que son prédécesseur. Et beaucoup moins que notre cher prez. D’où cette idée que nous avons bien affaire à un débat religieux. La décision se prend plus au Vatican qu’à Bruxelles ou Strasbourg ou Paris. La petite phrase sur les origines chrétiennes de l’Europe ne figure certes plus dans le projet de constitution européenne. Son influence n’en est pas pour autant nulle. Des musulmans? Pas de ça chez nous! ... Je n’ai aucun doute sur le fait que nous sommes en face d’une décision obscurantiste d’un autre âge classant les humains selon leur religion. Mr Sarkozy démontre une fois encore qu’il est bien le cul-béni intégriste que certains le soupçonnent d’être.

04/04/2009

tribunal

Nicolas Sarkozy, Gagny, le 18 mars 2009:

“Il faut doter notre code pénal d’une disposition qui réprimera de trois ans d’emprisonnement le fait de faire partie, en connaissance de cause, d’un groupement, même formé de façon temporaire, poursuivant le but de commettre des atteintes volontaires contre les personnes ou certains biens.”


Avec une définition comme celle-ci, cher Président, il se pourrait que ces “dispositions légales” puissent un jour vous être appliquées pour les nombreuses “atteintes contre les personnes et les biens” qu’auront perpétrées vos ministres, votre police, vos juges, votre "bande", en un mot, par le saccage des institutions, du code du travail, les atteintes aux libertés individuelles, l'usage de l'arbitraire, la pauvreté que vous aurez semée au cours de votre mandat. Au nom de cette loi que vous aurez voulu, nous pourrions très bien, lorsque votre règne sera passé, vous demander de rendre des comptes. Ce qui pourrait s’appeller: se tirer une balle dans le pied.

02/04/2009

A la vôtre

L’une des images les plus souvent utilisées pour illustrer la théorie du néolibéralisme, telle que peuvent la défendre des gens comme, par exemple, Mr Minc, éminence grise de notre cher roitelet démocratiquement élu, l’une de ces images, donc, est celle de la mer qui, lorsqu’elle monte, emporte dans son mouvement ascensionnel toutes les embarcations, quelle que soit leur taille, dans leur mouvement vers le haut. Sous-entendu, si la richesse d’un pays augmente, la richesse de tous ses membres augmente dans le même temps. Une justification à l’enrichissement des dominants dont les profits bénéficieraient, par ricochet, aux moins lotis, voire aux plus démunis, exactement dans le même temps. La plupart des tenants de cette idée en font un dogme: ne touchons pas aux plus riches, c’est dans l’accroissement de leur fortune que se trouve la solution pour les plus pauvres. D’où une série de décisions: baisse des impôts, bouclier fiscal, suppression de droits de succession, j’en passe et de bien meilleures.

Pas besoin d’être grand clair pour constater que ce dogme n’a que très peu d’efficacité, pour rester dans l’euphémisme. Les riches sont de plus en plus riches et les pauvres voient de moins en moins de retombées. A croire que non, désolé, la mer ne monte pas partout à la même vitesse, ce qui, vous en conviendrez, est assez peu réaliste. C’est bien entendu que l’image est fausse et que cette imposture dissimule mal, elle même, que le dogme lui-même est faux. Hélas pour ces beaux messieurs si sûrs d’eux-mêmes, les riches ont des poches aux dimensions infinies qui ne sont jamais pleines et, par conséquent, ne laissent jamais s’échapper de retombées pour quiconque.

C’est pourquoi, à l’image de la mer, je propose de substituer celle de la pyramide de verres. Vous construisez une pyramides de verres, en cristal de préférence, et vous versez un liquide, préférablement du champagne, dans le plus élevé. La richesse est ici symbolisée par le délicieux élixir. Le liquide débordant, il remplit l’étage suivant puis le troisième, et ainsi de suite, jusqu’au dernier. Vous avez compris, les plus pauvres, représentés par le dernier étage, les plus nombreux, évidemment, finissent par recevoir quelques gouttes du précieux breuvage, bien après les premiers. Bien entendu, dans le système néo-libéral, rien n’arrive jamais au bas de la pyramide. Parce que les premiers servis ont le temps de vider leur verre et de le remettre en place, d’en détourner vers un autre récipient le contenu, voire de le jeter. Tout sauf accepter que les verres du bas ne se voient un jour remplis. Pourtant, d’un point de vue théorique, tous les verres devraient finir par être remplis.

Alors, me direz-vous, à quoi sert de vouloir remplacer le modèle “mer” par un modèle “pyramide de verres”? Au final, le résultat est le même. J’y vois, quant à moi, un avantage. Celui, d’abord, de montrer comment certains peuvent s’en sortir mieux que d’autres, ce qui n’est pas évident avec le modèle “mer”. Mais, surtout, il permet d’envisager une solution au problème des plus démunis: il suffit de démonter la pyramide, d’aligner les verres et de les remplir l’un après l’autre. De fait, il existe encore des premiers servis. Mais ils doivent attendre que le serveur soit parvenu à la fin de la file pour espérer voir leur verre de nouveau rempli.

Qu’attendons-nous pour changer de modèle et démonter la pyramide? Mais peut-être l’assertion selon laquelle notre rêve unique  serait de voir enfin notre propre verre placé tout en haut de cette pyramide est-elle vraie? Allez!.. A la vôtre!...