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31/08/2009

Sur des oeufs

Bon, la rentrée politique, quoi? Un Naboléon très conforme, un PS très minable, primaire, il faut dire maintenant, deux trois bricoles, rien, en vérité.... Ça y est, le fascisme ordinaire circule dans nos veines..... On n’est même plus surpris, encore moins révoltés.... C’est peut-être l’heure de revenir sur des faits passés...  Toujours cette foutue manie de la perspective....  

L’art de la politique est incontestablement manipulatoire. Vous savez bien, la fameuse langue de bois. Pour le personnel politique, le jeu consiste à ne jamais livrer ses intentions profondes, ce qui a pour effet de réduire l’opposition à des procès d’intention. Par exemple, beaucoup ont compris que la marche vers la privatisation des universités est entamée. Jamais au grand jamais vous n’entendrez un membre de notre gouvernement le reconnaître. Si vous l’affirmez, si vous faites part de votre sentiment sur la finalité des réformes, alors vous n’êtes qu’un contestataire stérile, coupable de voir dans les faits ce qui ne s’y trouverait pas: l’intention ultime.

Jean Marie Le Pen est un tribun reconnu. Son art du langage est achevé et nous ne pouvons que lui reconnaître un certain talent dans le maniement de la provocation. Comme beaucoup d’autres, son but est de ne jamais dévoiler ses intentions réelles. La provocation consiste, chez lui, à lancer des phrases qui ont plusieurs sens. De cette manière, ses partisans sont satisfaits et ses adversaires, ses ennemis - je crois que, malgré l’adage, on peut avoir des ennemis en politique - , eux, se retrouvent souvent piégés dans l’ambiguïté de ses propos et ne peuvent se dégager de l’accusation de procès d’intention.

Reprenons le cas du “détail” et de ses nombreuses récidives. La dernière en date dit : «les chambres à gaz restent un "détail" de la Seconde Guerre Mondiale». Analysons cette phrase, si vous le permettez. Que dit Le Pen? Que les «chambres à gaz» sont un détail. Qu’entendons-nous? Ses partisans aussi bien que ses ennemis y voient l’affirmation de son antisémitisme et le fait que, pour simplifier, il se satisfait du génocide des juifs durant la dernière guerre mondiale. Mais que dit-il en réalité? Que les «chambres à gaz» sont un détail. Sous-entendu, que la manière de tuer n’a pas d’importance.... Que dire contre cela? C’est sémantiquement vrai. A tel point qu’on parle de plus en plus de «Shoah par balle». Si les Nazis avaient monté le même édifice industriel en vue de l’élimination des juifs mais sans les chambres à gaz, le problème serait-il différent? Les auraient-ils tués à coups de fourche qu’il n’en resterait pas moins que le processus d’élimination d’une partie de l’humanité, le génocide, le crime contre l’humanité, auraient été les mêmes. Plus!... S’ils n’en avaient tué qu’un... Ne resterait-il pas que le fait d’avoir conçu un processus systématique, des usines, une logistique, afin d’éliminer une partie de l’humanité  constituent en eux-mêmes un crime?

Mais la question n’est pas essentiellement de savoir si Le Pen  est ou non habile. Non, la question, en vérité, c’est de savoir ce que nous perdons de notre “âme” en réagissant épidermiquement à ses déclarations. Comme il est évident qu’une partie de cette “âme” est perdue dans le compte des millions de victimes. Qui a le plus gros chiffre? Cette question fait immédiatement passer le débat du terrain moral au terrain matérialiste. Je ne suis pas certain que l’avenir de la pensée se trouve au coeur du matérialisme.

Qu’est-ce qui nous rend incapables de nous planter devant Le Pen et de lui répondre que oui, effectivement, chambre à gaz, balle, fourche, couteau, marteau, cela n’a pas d’importance? Que le fond du problème réside dans l’intention. Ne serait-ce pas là le moyen définitif de couper une herbe mauvaise sous des pieds nauséabonds?

Ce qui nous en empêche s’appelle bon sentiment, bon sens, sens comun, évidence, toutes choses que nous devons probablement à notre chrétienté ancestrale - cocasse lorsqu’on sait l’antisémitisme latent chez les chrétiens!- et qui nous interdisent quelque analyse que ce soit sur tout ce qui touche à la Shoah. Une conception absolument péremptoire du bien et du mal. Vade retro satanas!...  Au final, on ne fait que renvoyer Le Pen et tous ceux qui usent de cet artifice exactement où ils ont prévu qu’on les renverrait: dans le camp de ce qu’ils présentent frauduleusement, comme un arbitraire, un procès d’intention, une attitude faussement victimaire. Exactement ce que ses partisans attendent de nous pour se drapper dans leur hypocrite dignité empuantissante.

02/07/2009

Retraites

La volonté affichée par le gouvernement de reculer l’âge officiel de la retraite à 67 ans provoque un tollé. De toutes parts nous viennent des protestations frappées au coin du bon sens, du genre: on ne peut pas travailler en trois huit jusqu’à 67 ans, vous imaginez un pompier de 67 ans?, une institutrice de 67 ans?, vous confieriez vos enfants à un chauffeur de bus de 67 ans?, toutes choses tout à fait réalistes, évidentes, sans contestation possible. Les petits malins font remarquer que, dernièrement, un pilote d’avion est décédé aux commandes de son taxi à l’âge de ... 61 ans. Très démonstratif!.. Le problème, c’est que l’intention de notre gouvernement n’est pas de nous faire travailler jusqu’à 67 ans. C’est l’âge officiel de la retraite qu’on recule. Pas l’âge effectif.  Ce qui recule, c’est le jour où l’on vous versera votre retraite. En reculant cet âge, le gouvernement fait des économies et son but n’est que de faire des économies. Dans la réalité, vous travaillerez, comme à l’heure actuelle, jusqu’à environ 55,57 ans, et, pendant dix ans, vous errerez dans des dispositifs du genre chômage, RSA, avec des petits boulots à la clé, toutes formes de “débrouille” financées en partie et en partie seulement par l’état.  Et votre retraite, à laquelle vous avez droit, pour laquelle vous avez cotisé, elle, restera dans les caisses de l’état. En reculant l’âge d’un an chaque année, on économise chaque année une annuité de versement. Evidemment, comme d’habitude, nous allons nous mobiliser sur le terrain qu’a choisi le gouvernement, celui de l’indignité du travail à un âge supérieur à 60 ans. Cause toujours.... Pendant ce temps, le but réel est atteint....

29/06/2009

Madoff... 150 ans

Madoff, quelques milliards de dollars en fumée, des “victimes” par millions, 150 ans de prison. Bon, si vous m’avez déjà lu, vous savez que, pour moi, les billets, au départ, c’est déjà du vent... Transformer du vent en fumée ne représente pas à mes yeux un délit impardonnable. Je peux aussi vous parler des “victimes”. Un tas de gens qui ont “placé” leur cher pognon sur des placements à risque censés rapporter 12% l’an... Au minimum... Mais, moi, je n’appelle pas ça “placer”, j’appelle ça jouer. Les “pov’” gens ont “placé” leurs économies pour qu’elles croissent et multiplient.. Enrichissez-vous!... Ils ont joué.. Ils on perdu. J’appelle ça perdant, pas victime. Moi, mes économies, elles n’ont pas souffert de la crise, j’en ai pas!....  Comme la majorité des gens simples sur cette terre...

D’un autre côté, on a quoi, Bush, par exemple, des millions de morts, en Irak, ailleurs... Sentence: une retraite paisible.... Nous avons qui d’autre? Poutine!... Des millions de morts aussi, en Afghanistan, en Tchétchénie, en Russie même... Sentence: président à vie.... Quoi d'autre? Jackson!. Michael!.. Un adulescent totalement taré qui a plus ou moins tripoté des enfants et gaspillé des milliards, lui aussi... Sentence: A jamais la star planétaire....

Cette différence de traitement , qui fait, au quotidien, que vous êtes bien plus certain de passer le restant de vos jours derrière des barreaux en pillant une banque qu’en assassinant vos enfants, on appelle ça une civilisation. Certains prétendent que l’occidentale est la forme la plus évoluée de civilisation, jusqu’à aller insulter les Africains, chez eux, à Dakar, en leur reprochant de ne pas l’être assez, civilisés....

Si ces gens, les Africains, ce qu’ils rejettent, ce à quoi ils ne veulent pas participer, c’est à ce qui précède, je vous l’avoue, cela me les rend plutôt sympathiques....

23/06/2009

Sur les choses, mettons des mots..

Pour vous aider un peu, je devrais peut-être vous indiquer de quel mal je crois notre souverain atteint: c’est un pervers narcissique. Pour juger d’à quel point je pourrais bien avoir raison, je vous invite à copier la locution et à la coller dans votre moteur de recherche préféré. Vous verrez, c’est édifiant. Pour résumer, disons: mensonge permanent, manipulation, toute puissance et, surtout, surtout, le fait que ses victimes sont toujours désignées par lui comme les responsables, les coupables, de leurs malheurs.

Burka

J’ai toujours un peu de mal à croire pleinement aux coïncidences, particulièrement en politique, je vous l’avoue. Non que j’entretienne quelque croyance que ce soit en un “destin” quelconque ou bien un “complot” permanent. Je suis plutôt  du genre “à l’affût” des détails qui se recoupent.

Ce que j’ai vu de notre président en campagne, c’est son “allégeance” aux États-Unis. Le retour de la France dans le giron américain. Fait marqué par une ou deux visites à un certain G. Bush. Indéniablement, notre président est un fana de la terre de “tous les possibles”. Le rêve américain, il connaît. En conséquence, on pouvait s’attendre à une certaine “yankeesation” de la société française. Ceci s’avère, peu à peu, et à peu près dans tous les domaines. Economique, évidemment, mais également judiciaire, avec la réforme de l’instruction, l’apparition du “plaider coupable”, militaire, également, avec, par exemple, l’arrivée de l’armée française à Abu Dhabi, le retour de la France dans l'Otan, bien d’autres choses, et, bien entendu, la réforme de la constitution aboutissant au “discours sur l’état de l’Union” à la française auquel nous avons assisté le 22 juin. Mais, depuis l’élection de notre cher naboléon, Mr Obama a été élu. Obama n’est pas du tout le modèle de notre cher teigneux qui en est resté à Bush, son idole. Si vous voulez connaître votre avenir, je vous conseille un coup d’oeil sur la société états-unienne de Georges W.. Casse du social, népotisme, agressivité à l’international, répression des classes populaires, prisons privées, lobbying, nous allons avoir la totale. Mais Obama, non. Il est trop grand et puis il est noir. Je ne parierai pas ma tête sur les convictions antiracistes de notre vindicatif leader. Notre gnome, je vous l’ai déjà dit, est un envieux. Un envieux doublé d’un fanfaron, immensément sensible à l’apparat, aux signes de puissance. Bling bling, certes, mais, au-delà, très attaché aux symboles de son pouvoir, comme, je vous en ai déjà entretenu, par exemple, le fait de choisir Versailles pour le congrès, le mot de “Grenelle” pour les tables rondes, la reprise systématique de tous les symboles anciens à son profit. En accédant à la fonction de président de la république française, il s’est figuré entrer dans le club très fermé des dirigeants importants de la planète. Des tas de signes montrent qu’il se prend pour l’un de ceux qui comptent. A mon avis, il se verrait bien président du monde. De l’Europe pour commencer. Et c’est pas un grand noir de gauche qui va l’emmerder. L’autre, vous l’aurez remarqué, le snobe totalement, le considérant pour ce qu’il est, un dirigeant subalterne d’une demi-puissance mondiale sur le déclin. Je suis certain que cette attitude nous le met en furie, le nabot. Je le vois très bien trépigner de rage à la manière d’Agecanonix sur lequel personne ne veut jamais taper à cause de son âge. Enragé.

Dans ce contexte, je ne parviens pas à croire que l’arrivée du débat sur la Burka en France puisse être considéré comme tout à fait hasardeux. Dans son discours du Caire, Mr Obama a évoqué “ces” pays où les femmes n’ont pas le droit de se vêtir comme il leur plaît. Suivez mon regard. Et bien je vous fous mon billet que l’apparition du débat ces jours-ci est une réponse à cette mise en cause. Nicoléon a dû avoir une réaction du genre: il se prend pour qui, ce grand negro, pour nous dire ce qu’on a à faire? Tu vas voir, mon pote!...

Je n’ai absolument pas pris la défense de la Burka. Je suis contre, totalement, et, s’il n’y  avait que moi, le foulard lui-même serait interdit, avec les croix, les kippas, on raserait les mosquées ET les églises ET les temples ET les synagogues.... Ce que j’affirme, c’est que ce débat assez nauséabond, sur lequel le consensus national sent le rance et le racisme, ce débat, il ne nous arrive par aucun hasard, aucune coïncidence.

22/06/2009

Iran

Bon, je vais encore râler. Introduire un peu de nuances dans un débat qui ronronne autour du consensus, des bons sentiments et du manichéisme. Je veux parler des élections en Iran. Je vous l’avoue, je trouve assez suspecte la propension que nous avons à juger, de ce côté-ci du monde, que certains peuples votent de manière tout à fait inconvenante. STOP!.. Je n’ai pas dit que les élections iraniennes n’ont pas été pipées. Ce que je tente d’introduire, c’est qu’on n’en sait pas grand chose, en vérité. On ne sait pas, par exemple, si le trucage a modifié fondamentalement le résultat. On ne peut pas exclure que certains Iraniens aient pu soutenir, malgré notre logique, leur cher dictateur. On aurait vu pire. Voyez côté Poutine ou Berlusconi. On ne sait pas, vraiment pas, si Ahmadinejad n’aurait pas, sans la triche, fait quand même partie du peloton de tête et, ainsi, acquis le droit à un second tour. Ce que nous avons jugé, c’est qu’il n’est pas le bon candidat. Cela, nous le devons à l’énorme espoir que nous avions investi dans sa défaite possible. S’il avait été battu, nous croyons (j’ai utilisé le verbe ”croire” à dessein) que cet événement aurait résolu d’un coup tous les problèmes de sécurité mondiale que nous pose ce régime. Qu’en savons-nous, en vérité? Que savons-nous, en réalité, des intentions de celui que nous considérons comme le sauveur? Il est absolument évident que nous prenons la prérogative de choisir pour les Iraniens le nom de celui qu’ils doivent porter au pouvoir. Il me semble voir là une certaine ressemblance avec les élections palestiniennes qui avaient porté le Hammas au pouvoir. Dans les deux cas, nous ne sommes pas contents du choix d’un peuple. Vous me direz, en Palestine, le trucage n’a pas eu lieu. Avec toutes les objections sus-citées, je vous concède qu’il semble effectivement que les urnes n’aient pas exactement délivré le message transmis par le peuple. Encore une fois, c’est assez curieux, cette acuité sur celle élection-ci. Que je sache, par exemple, l’élection de Bush n’a pas été un modèle d’honnêteté... Qui a protesté? Que je sache, les 90% obtenus par tous les dictateurs africains ne suscitent aucune protestation. Que je sache, Poutine est à peu près assuré d’une présidence à vie. Tous ces gens ont une opposition. Parfois très forte. L’avons-nous soutenue dans ses combats pour la démocratie?

Je le crains, nous sommes encore une fois dans le phantasme et la glu des bons sentiments. Et nous sommes une fois encore manipulés par je ne sais qui, cherchez à qui profite le crime, incités à la révolte contre un personnage, Ahmadinejad, qui pose effectivement au monde des problèmes assez graves. Ne me faites pas dire ce que je ne pense pas. Moi aussi, je me serais réjoui de son départ. Mais ce à quoi nous prêtons la main n’est peut-être pas aussi simple qu’il y paraît. Il ne s’agit pas forcément de rendre à un peuple opprimé sa victoire légitime. Peut-être s’agit-il simplement d’une tentative de renversement d’un dictateur pour le remplacer éventuellement par un autre, un peu différent, mais ouvert à notre vision de l’ordre du monde. Nous soutenons un mouvement qui ne peut que se terminer dans le sang. J’ose espérer que le sang qui coule et celui qui va couler aboutiront bien à une amélioration de la condition de ce peuple et pas seulement à sa reddition à l’ordre mondial établi par les bien pensants de tous poils.

11/06/2009

Hadopi

La loi Hadopi fait encore parler d’elle. Hier, le conseil constitutionnel l’a retoquée. Très rapidement, les adversaires de cette loi ont crié victoire. Jusqu’à ce que Mme Albanel réaffirme la volonté gouvernementale de pousser cette loi malgré tout, au risque d’avoir une loi parfaitement inapplicable, du moins pour ce qui concerne son volet sanction. C’est marrant, je dois avoir des oreilles assez spéciales, peut-être partiales, bornées, mais j’ai immédiatement entendu le fond du problème. Si le gouvernement persiste malgré le fait que son projet est vidé de la disposition qu’il présente comme la plus essentielle, ne serait-ce pas parce que cette disposition, la sanction, est, finalement, subalterne, et que la volonté est ailleurs? Et j’ai trouvé, figurez-vous. Cette loi établit un contrôle d’internet. Un contrôle légal. Sous prétexte de vérifier vos illégaux téléchargement, le gouvernement va mettre en place un système de surveillance de vos ordinateurs. Légal, le système. Comme tous les gouvernements du monde, le français va mettre la main sur le contenu de la toile. Nous nous battons pour le droit à télécharger et c’est autre chose que nous allons perdre. Le droit à l’expression libre. Le droit à la contestation, à l’information. Et cela de manière tout à fait indolore. Parce que le gouvernement nous aura jeté un os à ronger, sur lequel nous nous sommes précipités. Je vous parie que, en ce moment, ça doit bien rigoler dans les allées du pouvoir.

Mort du PS

Ça y est, le Landerneau médiatique a son nouveau sujet: le PS serait mort. Remarquez, il serait temps qu’il se réveille. La sociale démocratie est branlante depuis un moment.... Le problème que lui pose notre époque est relativement simple, et beaucoup de “clercs” l’ont déjà souligné, il tient à son impossibilité, son refus, de gérer une contradiction incontournable des sociétés modernes: l’opposition entre l’individu et le collectif. Je me suis déjà exprimé sur le sujet, ainsi que l’ont fait, par exemple, Philippe Corcuff, certains membres du parti de gauche et même certains au PS lui-même. L’idée tourne autour du concept d’individualisme de gauche. L’individualisme est tout sauf un égoïsme. Il est un moteur puissant du progrès humain, pas du progrès matériel, du progrès des idées. Absolument toutes les “grandes” idées humaines sont les conséquences de la réflexion d’un individu. Les meilleures comme les pires. La face du monde a changé grâce ou à cause d’hommes comme Platon, Kant, Galilée, Einstein mais aussi Taras Boulba, Hitler, Napoléon ou encore Henri Ford, De Gaulle ou Herbert Von Braun. L’humanité ne peut pas se passer de la pensée de chacun de ses membres. Et aucun humain ne peut prédire quelle sera l’idée et, par conséquent, l’individu, qui bouleversera demain l’ordre présent. Or, la gauche fustige l’individualisme, jusqu’à le désigner comme l’unique responsable des catastrophes sociétales actuelles. Volontairement, par un aveuglement coupable, la gauche, la plus grande partie de la gauche, entretient la confusion entre individualisme et égoïsme. Elle se piège elle-même. D’un côté, elle désigne l’individualisme à la vindicte. De l’autre, il ne faut pas être grand clerc pour constater que ses membres influents sont absolument tous mûs par ce qu’ils qualifient eux-mêmes d’individualisme, qui n’est en fait qu’un égoïsme égocentrique. Cela s’appelle couper la branche sur laquelle on est assis. A la fin, lorsque la branche est sciée, elle tombe, entraînant avec elle tous ceux qui s’y trouvent.

Personnellement, j’ai fréquenté beaucoup de Verts et j’en côtoie encore quelques uns. Ces gens ne sont pas politisés. Rien chez eux, aucune trace, de la mythologie de gauche. Ils détestent la révolution, française, soviétique, chinoise, mexicaine, aucune, leur idole littéraire n’est pas Zola ou Aragon, ils ne partagent rien avec le “peuple de gauche”. La plupart d’entre eux n’ont qu’une motivation: ce qu’il y a dans leur assiette, la qualité de l’air qu’ils respirent, l’état de la planète qu’ils laisseront  à leurs enfants. Des préoccupations on ne peut plus individualistes. Pourtant, depuis 1997, les Verts se sont clairement situés à gauche de l’échiquier politique. Une gauche humaniste, réformiste, pleine de bons sentiments, de charité, très critiquable, mais, une gauche. Une gauche qui fait, sans le savoir, à la Jourdain, la synthèse entre l’individu et le collectif. Mes intérêts sont ceux du plus grand nombre. J’ai bien écrit “une” synthèse. A mon humble avis, il en existe d’autres, dont certaines beaucoup plus radicales et beaucoup plus en relation avec le passé de la “classe” ouvrière. Pour autant, je suis certain qu’il faut voir dans ce positionnement la raison de leur succès.

La solution de rénovation de la gauche, nous sommes plusieurs, beaucoup, à la décrire: elle consiste en une réflexion autour du concept d’individualisme de gauche, une réflexion qui lèverait d’emblée l’apparent paradoxe que contient cette locution.

09/06/2009

Barre à Vert....

Chantal Jouanno, secrétaire d'État chargée de l'écologie, de l'environnement et du développement durable, France Culture, Mardi 9/06/2009, 18h20 (SGDA): “l’écologie, ça augmente la démocratie, nous devons augmenter notre démocratie, et tout ce qui concerne la démocratie, le président, ça, il aime”. Ainsi donc, ainsi donc, notre cher président aimerait la démocratie. L’affirmation a de quoi surprendre. A priori, on le croirait plutôt autocrate, mais bon!.. Il faut savoir revenir parfois sur ses à-prioris.... Donc, la mise en route d’un grand chantier écologique s’annonce. Nous allons voir ce que nous allons voir... Arthus-Bertrand est promu héros national, Cohn-Bendit au rang de visionnaire, le nucléaire discrédité, on se dit... tiens!... Quelle mouche le pique?... Allez, calmez-vous, retournez à la bière et au canapé, il ne se passe rien. Nicolas a trouvé encore une bonne idée pour vous manipuler... Je suis désolé. Il va vous demander votre avis. Il va le faire. Je n’ai aucun doute. Il va vous proposer des mesurettes, récupérer des idées que d’autres défendent depuis un siècle, accompagner, surtout, ça c’est très important, vous savez, se mettre en tête de la manif au moment de la photo, en faisant croire qu’on y était et, en plus, en tête, comme tous les résistants de 44, vous voyez? Il va le faire. Ce qu’il va vous proposer relèvera du “bon sens”.. Des choses simples, évidentes, que nous ne pourrons refuser. Peut-être même qu’il se paiera le luxe d’un vote. Et nous voterons tous oui, tous sauf les très très sales caractères, les sectaires, comme il convient de dire. Au total, nous aurons gagné des mesures de toute façon inévitables, non pour la planète, mais parce que leurs mises en oeuvre ont déjà commencé et lui, notre cher Prezz., il aura encore gagné, pure démagogie: en apparence, nous lui devrons les mesures qui sauveront notre avenir menacé et, en plus, nous aurons, bien involontairement, donné notre avis et “augmenté” la démocratie en France sous un régime on ne peut plus autoritaire..... La victoire totale. De quoi être content, content... Pauvres de nous!....

08/06/2009

Europe

Tenir une tribune “politique” et éviter le commentaire sur les élections qui viennent d’avoir lieu est, d’une part, assez peu justifiable, et, d’une autre, de l’ordre du renoncement au jeu de l’exercice obligé. N’ayant aucun goût pour le commentaire badin et le hurlement conjoint avec mes congénères lupiens, ayant une tendance à assumer ma conviction que les problèmes sont toujours beaucoup moins simples qu’on l’imagine de prime abord, je vais vous la faire “poétique”. Et je vais, pour cela, ressusciter l’un des poètes de mai 68, Jean-Michel Karadec. Comprenne qui pourra....

La branche a cru dompter ses feuilles
Mais elle en portera le deuil
Et l'emportera au tombeau
L'automne fera pas de cadeau
Au royaume de France

Mai 68 - Jean Michel Karadec

02/06/2009

Pince-nez

Pendant des décennies, la génération qui m’a précédé nous a fait le coup du : on ne savait pas. Il s’agissait bien entendu du sort des Juifs durant la seconde guerre mondiale. Les gens ordinaires ne savaient pas, paraît-il, ce qui attendait les Juifs embarqués dans des trains pour l’Allemagne. Les Juifs eux-mêmes l’auraient, paraît-il, ignoré. Là-dessus, arrive ma génération, celle qui va faire 68, qui s’est assez rapidement montrée sceptique face aux aînés. La question qui nous taraudait était simple: qu’avez-vous fait pendant la guerre? Collaboré? Résisté? Notre motivation était tout à fait personnelle: étions-nous fils de héros ou fils de salauds? Il faut vous dire qu’au sortir de la guerre, le Général de Gaulle, lui-même héros de la résistance, n’a pas été très regardant avec la lâcheté de ses contemporains. Mieux, il les a absous au nom de la réconciliation nationale. Le passé avait passé. On ne la trouvait pas si simple, l’histoire, et un peu grosse, la ficelle. On a fouillé. Comme les fouille-merde qu’on était. Et ce qu’on a levé sentait le rance et le pourri. Héros, mes fesses. Tous résistants, mon oeil!.... Un tas de gens très quelconques qui ont surtout pensé à sauver leurs fesses en faisant souvent fi de la morale, de l’humanisme, des valeurs républicaines. C’est ce qui nous a valu très rapidement le très spécieux: et vous, qu’est-ce que vous auriez fait? Mais les questions, c’est nous qui les posions. De fil en aiguille, on en est arrivé assez vite à la remise en cause du dogme “on ne savait pas”. Les langues se sont déliées. Aujourd’hui on sait que, à partir de 1942, au maximum, tout le monde savait où menaient les voies ferrées nazies, y compris les Juifs eux-mêmes.

Le doute n’est aujourd’hui plus permis: ils savaient, ce qui ne les a pas empêché de dormir. La conclusion, imparable, c’est que nous sommes effectivement des enfants, des petits-enfants, de salauds. Un temps, nous avons été très contents de cette conclusion. Nous étions mieux que ceux qui nous ont précédés. Ils savaient, ils n’ont rien fait. Si, nous, nous avions su..... Manque de pot, la fin du vingtième siècle arrive. Avec elle les génocides du Rwanda, de Bosnie, du Congo, du Darfour, avec elle, les guerres d’Afghanistan et de  Tchétchénie, les massacres du Liban, de Gaza, le traitement des Roms et les politiques migratoires européennes, le sort indigne fait aux sans-papiers, l’absence de traitement du sida en Afrique; et beaucoup d’autres, hélas!.... Et nous, NOUS, cette fois, nous ne faisons rien. Nous savons et nous ne faisons absolument rien. Si nous avions su, disaient nos aînés. Si nous avions su, rien du tout. D’abord, vous saviez, ensuite, sachant, vous avez fait comme nous: vous avez fermé les yeux.  Nous ne valons finalement pas mieux, pas moins, que nos anciens. Nous sommes tous des salauds ordinaires. Le procès est terminé. Le verdict, ce n’est pas que nos aînés ont fait ce qu’ils pouvaient, qu’ils ont voulu vivre d’abord, qu’ils sont humains et, par là, faillibles. Le verdict, c’est bel et bien que nous sommes tous du même bois et que nous sentons tous, vieux, jeunes, avant, maintenant, le pourri et le rance. Peut-être aurons-nous, et je n’en suis pas certain, l’honnêteté de reconnaître, cette fois, lors du prochain procès générationnel, qui ne manquera évidemment pas d’arriver, d’avouer, que oui, nous savions. Ce serait au moins un peu plus digne que l’attitude de nos prédécesseurs.

29/05/2009

Ce que je vois venir.....

Le processus qui mène un état vers le fascisme est globalement assez connu. Nous avons, hélas, de l’expérience sur ce sujet. Le premier cran consiste à créer un sentiment d’appartenance à la patrie, un repli identitaire, généralement en fustigeant l’étranger, en tant que concept, désigner l’extérieur comme responsable des malheurs intérieurs, mais également en tant que personne, celui qui est différent, éventuellement en précisant les critères de reconnaissance de cet étrange étranger, le nez, les cheveux, l’origine, la religion. L’étranger, cela pourrait être un virus, par exemple, mexicain, ce serait parfait.... On pourrait aussi envisager que l’ennemi extérieur soit un club sportif. Important le sport. Voyez Leni Riefensthal... Le deuxième cran consiste à créer un ennemi intérieur, celui qui, par son comportement, ses idées, mettrait en danger la cohésion du groupe, ouvrirait la porte à la subversion, à l’ennemi, aux idées venues d’ailleurs, qui serait prêt, même, à menacer la sécurité des braves gens au nom de ses idées jugées fumeuses et violentes. Le troisième cran consiste à remplacer l’information par de la propagande. Pour celà, le pouvoir devra s’assurrer la maîtrise des moyens d’information, journaux, radio, télé et, aujourd’hui internet, qui devront faire l’objet d’un contrôle scrupuleux. Le quatrième cran consiste à remettre les pouvoirs de police et de justice à des personnes peu formées, peu éduquées, comme le sont normalement les magistrats, les forces de police et l’armée, formation contestable mais basée sur une morale de la collectivité, nouvelles forces de l’ordre dont les moteurs sont le bon sens, les bons sentiments, le ressentiment, la vengeance sur les aléas de la vie, la jalousie, la rancœur, bref, à donner un petit pouvoir à des gens qui vont immanquablement en abuser. Le syndrome du petit chef. Ensuite, normalement, les choses vont aller tout seul. Ils viendront un beau matin arrêter votre voisin, qui aura probablement été dénoncé par un aigri, un jaloux, et vous vous direz que, si on l’emporte, c’est qu’il doit bien avoir fait quelque chose. Les braves gens se croient tous à l’abri parce qu’ils se croient conformes, ils le croient jusqu’au jour où vient leur tour, parce qu’un plus aigri, un plus jaloux, un plus vil, les a dénoncés. Normalement, à ce moment-là, lorsque le maintien de l’ordre est remis à des nervis, des milices, le retour vers la démocratie devient impossible. Le pays devra franchir une période noire.

Sans vouloir vous affoler, et si mes hypothèses sont les bonnes, je voudrais vous signaler que notre gouvernement a déjà franchi tous les crans sus-indiqués. C’est également le cas du gouvernement italien. A priori, à partir de maintenant, nous devrions voir se dérouler sans douleur et sans vraie conscience du phénomène, la glissade vers le pire. Vous ne pourrez pas dire qu’on ne vous aura pas prévenus.

28/05/2009

Liberté surveillée

Julien Coupat est sorti de prison. Les journaux titrent qu’il est “libre”. Il ne l’est hélas pas encore. Il reste sous le coup d’une instruction pour des faits qu’il nie farouchement et dont nous sommes beaucoup à penser qu’ils sont imaginaires et, ainsi qu’il le dit, “pathétiques”. Je me réjouis que ce jeune homme, qui me semble doté d’une intelligence et d’une vision du monde assez remarquables, puisse de nouveau circuler à peu près librement. Il est tout sauf l’heure de baisser la garde. Le procès qui lui est intenté l’est surtout à la liberté, la liberté des personnes, des idées, de penser, mais également la liberté d’éditer, de faire savoir, d’instruire, au travers des pressions qu’a du subir l’éditeur Eric Hazan, éditeur de “l’insurrection qui vient”, dont J. Coupat est soupçonné d’être l’un des auteurs. Ce gouvernement est bien l’un des pires que la France ait connus. Le fait de s’en prendre aux écrits est, sur ce point, on ne peut plus démonstratif. J. Coupat a plus que jamais besoin de notre soutien attentif.

26/05/2009

Le courage des entrepreneurs

Mme Parisot et notre président (dont le frère Guillaume fut n°2 du Medef jusqu’en 2005) sont d’accord: le héros des temps modernes est entrepreneur ou dirigeant d’une grande entreprise. Ces gens-là sont courageux, ils prennent des risques, ce qui justifie amplement leur niveau de rémunération astronomique. Courageux, ce mot a deux sens. Prenons le premier: courage au sens d’énergique. Ces gens-là travaillent des quatorze quinze heures par jour. Attention, du vrai travail. Pas comme les ouvriers en fonderie, en trois huit, qui prennent l’équipe de nuit, non, pas non plus le courage des mères de famille, qui triment du matin au soir, pas des trucs de gueux, non, un vrai travail, porter une cravate du matin au soir, épuisant, réfléchir vingt quatre vingt quatre, éreintant, rester assis derrière un bureau, le téléphone à l’oreille, exténuant, déjeuner dans un restaurant, interminable, éprouvant, être toujours en déplacement, en limousine, en avion, pénible, avoir toujours l’oeil sur un ordinateur, faire des conférences, harassant, être sans cesse en représentation, tuant. Un vrai djob, quoi, un truc de dur de dur, pas un truc de gueux. Le deuxième sens, ce serait celui de la prise de risque. La responsabilité écrasante que ça représente. Vous avez pas idée. On a des courbes sous le nez, il faut sans cesse prendre la bonne décision, que le réel colle à la courbe, la dépasse, idéalement. Des décisions écrasantes. Si vous vous trompez, crac, c’est des centaines de personnes qui se retrouvent sur la paille, sans rien. Le sort des autres est leur préoccupation constante, à ces héros. Ils sont les décideurs, vous comprenez. Ils n’en dorment plus. C’est une abomination. Votre sort de pauvres larves dépend entièrement d’eux. Et quand ils vous mettent sur la paille, croyez-moi, c’est toujours avec le coeur brisé. Mais ils ont confiance en vous. Si leurs décisions vous mettent dans la merde, ils savent très bien que vous trouverez la ressource de vous en sortir quand même, parce que vous avez en vous des ressources inexploitées. Ceux d’entre vous qui se bougeront, qui ne penseront pas qu’à se plaindre, s’en sortiront. Et puis, ils ne vous lâchent pas tout à fait. Il y a l’Etat. Ce truc machin bidule, qui prélève les impôts, beaucoup trop d’impôts, c’est normal qu’il vous en reverse un peu, quand même. Que ça serve à quelque chose. Au fond, s’ils prennent de mauvaises décisions, qu’ils ruinent l’entreprise, ce n’est pas si grave. C’est de la sélection naturelle. L’entreprise s’en remettra si elle est viable et forte et vous pareillement. Les meilleurs d’entre vous s’en sortiront. Et eux, bien évidemment, ils seront encore là après. Vous voyez? La prise de risque ça s’appelle. Le courage. Pareil à la bourse. Moi, une chose me fait immanquablement pisser de rire, c’est à quel point ces gens-là ont une notion assez personnelle du mot courage. Pas la peine de trop insister. Vous avez sûrement remarqué que, dès qu’on voit se pointer une mauvaise nouvelle, une crise, un risque de tension, la bourse se vide immédiatement. Comme des lapins, ça détale. Ma cassette!.. Ma cassette!... Et après, quand ça a bien baissé, ça ressort du terrier tout doucement, à l’affût du moindre bruit, de la moindre anicroche. Du courage, on dit. Le seul problème, en fait, c’est la définition du mot courage. Elle aurait varié, ces temps-ci, que ça ne m’étonnerait qu’à moitié.

20/05/2009

Sionisme....

Très délicat débat que celui qui préoccupe une grande partie de l’intelligentsia, débat sur la différence entre sionisme et sémitisme, ou, plutôt, entre anti-sionisme et anti-sémitisme. Je ne suis pas juif. Et, depuis longtemps, je prétends, sans être entendu, sans être, même, écouté, que le problème de la shoah n’est pas un problème devant être exclusivement traité par des juifs. En laissant faire cela, on ouvre la porte à la confusion actuellement paroxystique du juif qui défend les juifs contre les noirs qui plaident pour les noirs, les arabes pour les arabes, las jaunes pour les jaunes, les rouges pour les rouges, etc... Ce piège, peu de juifs y échappent. Ils auraient avantage à laisser la place à des gens comme moi, qui ne sont pas impliqués, du moins directement, dans ce débat, et qui peuvent le poser plus en termes de morale qu’en termes d’intérêt. Je suis certain de ne pas être le seul qui, bien que non juif, peut poser les débats en termes de justice, au sens des “justes” de la seconde guerre mondiale. 


Les anti-sionistes s’appuient sur le livre de Shlomo Sand, historien juif israélien et auteur de "Comment le peuple juif fut inventé", allègrement résumé par l’affirmation:  "Le peuple juif n'existe pas", pour, le croient-ils,  confirmer, selon eux, que la shoah n’est pas ce qu’on en dit, le génocide d’un “peuple”, puisque, pensent-ils, démontrer qu’il n’y a pas de “peuple” implique l’absence de drame historique extraordinaire. Ce qu’ils n’ont pas vu, c’est que, justement, c’est une raison supplémentaire de considérer la shoah comme un moment historique absolument sans précédent et qu’on espère sans lendemain à jamais. Car, un génocide, si l’on en croit le dictionnaire, ce serait  l’élimination radicale d’un groupe ethnique. Cette définition correspond aux génocides aujourd’hui reconnus comme tels: la déportation pour esclavage des peuples noirs d’Afrique, critère ethnique, celui des Arméniens, habitants d’une région, de même que les Kurdes, génocide des Tootsies, génocide des peuples primaires d’Amérique, critères ethniques, mais correspond assez peu au “peuple” juif, finalement, puisqu’il n’y aurait pas de “peuple” juif.  Ce qui aurait présidé à l’élimination des juifs d’Europe, ne serait donc que la stigmatisation d’un croyance. Une idée, une vision, quelque chose d’intime, de l’orde de la pensée. Et ce point en fait bien un génocide “à part”. Aucun des autres ne repose sur une idée autre que le fait que certains humains sont physiquement différents. Pour la Shoah, si j’en crois les laudateurs de Shlomo Sand, aucun critère physique ni géographique, ni d’usage. Rien que l’idée qu’on est juif ou non, par conviction. Ainsi donc, ceux qui croient dénaturer la shoah, en retirant aux juifs du monde entier le droit de se sentir un point ethnique commun, ne font, finalement, que renforcer encore ce qui les dérange: l’exceptionnalité de la shoah.

Chausse-trappe

C’est assez amusant, à condition d’aimer l’humour grinçant, de constater à quel point les socialistes français ne parviennent pas à éviter les pièges sémantiques, dialectiques, de communication pure et simple que leur tend Mr Sarkozy. Comme s’il y avait là un traquenard d’ordre psychologique, une reconnaissance de facto de l’autorité du  président, une crainte, enfin quelque chose d’irrationnel. Le dernier en date, de piège, c’est de répéter à l’envi que la gauche n’aurait qu’une idée à défendre: son opposition au président. Sous entendu, aucun programme, aucune perspective, répandre à tout crin l’idée que la gauche serait comme paralysée. Je ne voudrais pas avoir l’air de voir encore une fois que le roi est nu mais, j’en suis navré, le fait d’être contre Sarkozy est, pour moi, un très beau et très suffisant programme. Si être contre Sarkozy, c’est refuser la privatisation des universités, choisir d’accorder les crédits nécessaires à l’amélioration du fonctionnement des services de santé, accorder à l’école les crédits nécessaires, embaucher des enseignants, rétablir l’impôt pour les plus fortunés, interdire les rémunérations exorbitantes pour les dirigeants, donner les moyens de son exercice à la justice, être contre la répression à outrance, et j’en passe, faute de place, et bien, je suis désolé, mais cela me semble faire un excellent programme de gouvernance pour une future équipe dirigeante. Ce qui m’épate, je l’avoue, c’est qu’il n’y ait personne, à gauche, pour présenter les choses ainsi.

16/05/2009

Mr Bilger

Monsieur Philippe Bilger, Avocat Général près la cour d'appel de Paris, parcourt les médias pour la promotion de son dernier livre: États d'âme et de droit. Je ne vous en conseille pas la lecture. Ces apparitions lui donnent l’occasion de nous entretenir de sa passion pour les peines plancher. Le monsieur a une logique disons répressive. Il est favorable à l’application systématique de sanctions à tout auteur d’un délit. Et d’une peine beaucoup plus lourde encore à tout récidiviste.  Les idées, ce que j’en pense, c’est qu’on est en droit de les avoir. N’importe laquelle. Et c’est plutôt mieux, d’ailleurs, de les exprimer, surtout si elles sont néfastes, parce que cette exposition provoque le débat et, donc, la contestation, elle permet de souligner pourquoi telle est plutôt bonne, telle autre totalement catastrophique; telle autre certainement dangereuse. Mr Bilger n’est probablement pas assez malin pour comprendre le fond de ce qu’il vient de produire. Je vais l’aider. Je suis charitable. La Justice, majuscule, désigne de nos jours celle des Hommes, l’ensemble du processus qui permet d’appliquer la loi, de la moduler suivant les cas, de juger au nom des Hommes, de punir au nom de l’ensemble des humains. Ce ne fut pas toujours le cas. De la justice, je veux dire. Fut un temps où elle était divine. On jugeait non au nom des hommes mais de dieu. De très nombreux siècles. Jusqu’à ce que les esprits éclairés soulignent la possibilité de ne pas tout savoir, exactement, sur un certain dieu et, donc, de ne pas juger strictement comme il le voudrait, s’il existe, du fait qu’on en ignore, il faut le reconnaître, à peu près tout. A ce moment, nous avons basculé vers une justice plus terrestre, basée sur l’analyse des circonstances, des tenants et des aboutissants et tentant de jauger pour chaque cas la peine la mieux adaptée. Cette justice n’a rien, ne peut rien avoir de systématique. C’est donc rien moins qu’un retour en arrière de quelques siècles que nous propose Mr Bilger: le retour à la justice divine, implacable, systématique, sans nuances, terrible.  Un changement de civilisation, tout à fait, malgré la charge que représentent ces mots.Il l’ignore probablement. J’en suis convaincu. Pour ce monsieur, puisque sa proposition est actuelle, elle donc moderne. Et bien non, Mr Bilger, elle est archaïque. Elle est d’un autre temps. Elle n’est en aucun cas un progrès. C’est le type même de la régression. Vous tentez de tirer un trait de plume, imprimé, d’ailleurs, sur l’histoire des Hommes et le progrès, le seul qui vaille, celui de l’esprit. Vous êtes un moyen âgeux. J'espère vous avoir aidé à le comprendre.

02/05/2009

RNUR (Régie Nationale des Usines Renault)

Je me souviens que les usines Renault, les historiques, celles de Boulogne Billancourt, furent nationalisées à la sortie de la guerre, en 1945, par le conseil de la résistance, qui a à son actif la plupart des acquis sociaux sur lesquels nous ne cessons de revenir depuis. La raison en était que Mr Louis Renault avait ouvertement collaboré avec l’occupant allemand, avec qui il partageait certaines vues sur le monde. Exactement comme Mr Henri Ford, d’ailleurs, sauf que Ford, lui, peut être soupçonné d’avoir jusqu’à inspiré Adolphe, alors que Renault n’a fait que suivre.

L’histoire conjointe de l’Etat et de Renault va durer jusqu’en 1996, date à laquelle le gouvernement décida de le privatiser à nouveau. Je n’insinuerai pas qu’il l’a rendu à la collaboration. Le fait qui m’intéresse est le discours qui a prévalu à l’époque. On nous a seriné, rabâché, répété, que la raison la plus évidente de la privatisation était que ce n’est pas à l’état de fabriquer des voitures. Prise hors du contexte, cette phrase a l’apparence du “frappé au coin du bon sens”. C’est vrai, si l’état doit faire des voitures, et doit-il le faire?, pourquoi des Renault et pas des Panhard, des Heuliez, des Unic? Vous voyez, le genre d’affirmation dont les gens, en général, ne savent pas quoi faire à part un bruit de bouche, un haussement d’épaules. Ben ouais!... Alors, on a privatisé dans la joie et l’allégresse. Youpi.

Sauf que nous voilà, treize années plus tard, devant un autre état de fait. L’état, vous, moi, nous, dépense des milliards pour soutenir Renault, Peugeot, Citroën, Heuliez, j’en passe et des pires. On pourrait m’expliquer pourquoi c’est maintenant l’heure de considérer que c’est à l’état de faire des autos?

Il paraît qu’on est dans un régime libéral. Libéral mon cul. Si on écoutait le marché, on fermerait les portes de toutes les usines automobiles françaises, qui n’ont pas su s’adapter, inventer, innover et qui sont bien embarrassées pour nous refiler leurs vieux tacots d’un autre âge, avec, en plus, pour cause de mondialisation, un tas de constructeurs étrangers qui, eux, l’ont très bien fait. Si on était véritablement dans un régime libéral, les usines françaises seraient foutues. Elles vont survivre. On n’est pas sous un régime libéral. Sornettes, communication, propagande, manipulation. N’oubliez pas d’aller acheter des actions dans l’automobile. On va mettre le paquet pour que ça dure.....

30/04/2009

Virus

Vous parler du virus, à chaud, le type même de la fausse bonne idée. Même si c’est pour médire. En fait, ça ne fait que participer à l’humeur ambiante. Calomniez, calomniez, il en restera toujours quelque chose, disait (peut-être) Beaumarchais. En parler, en bien, en mal, c’est en parler, lui attribuer de la consistance. Comme dieu. J’aurais préféré ne rien dire. Je vais quand même vous faire part de ma circonspection: il tombe drôlement bien, ce virus, non? Mes aînés disaient que, comme par hasard, c’est toujours le week-end qu’il pleut. Que le grand ordinateur n’est pas du côté des masses laborieuses. Ce virus, en pleine contestation globale, qui pourrait donner prétexte à l’interdiction des rassemblements populaires, c’est pas de bol, quand même. Un hasard? Là, j’avoue, je doute!...

28/04/2009

Travail

Les usines ferment. La crise en serait la cause. Si, comme moi, il vous arrive d’entendre des témoignages d’employés licenciés, peut-être aurez-vous remarqué que leur principale récrimination ne porte pas principalement sur les conditions matérielles de leur existence future, même si elles comptent, non, ce qu’ils réclament par dessus tout, c’est une place dans la société, une utilité, une raison d’être. Toutes choses qui, pour eux, tiennent manifestement au fait d’avoir ou non un travail. Cette conception du travail, directement héritée de notre passé chrétien, mais aussi révolutionnaire, est, pour certains, dont je suis, la raison même du malheur des employés et des ouvriers. J’en entendais un, ce jourd’hui, se plaindre du fait que nous marcherions sur la tête. Lui-même parlait de l’étrangeté d’un monde où une minorité, les riches, les puissants, disposent à leur guise de la force de travail du plus grand nombre. Je pense avec lui que nous sommes cul par dessus tête. Mais, quant à moi, je le pense en raison du fait que les ouvriers font la queue pour une place à l’usine, un emploi de forçat, une volontaire torture, un avilissement consenti. Nous sommes à l’envers parce qu’en toute logique, ce sont les patrons qui devraient nous supplier de consentir à sacrifier notre vie et notre liberté pour travailler durement dans leurs ateliers pour un salaire qui ne pourra jamais compenser ce renoncement.

Je vous livre ici un texte de Paul Lafargue, propre gendre de Karl Marx, écrit en 1883 (il est bien écrit 1883), qui vous montrera que je ne suis pas le seul à penser ainsi que je le fais et que mes idées ne sont en rien neuves.

«.....Douze heures de travail par jour, voilà l'idéal des philanthropes et des moralistes du dix-huitième siècle. Que nous avons dépassé ce nec plus ultra! Les ateliers modernes sont devenus des maisons idéales de correction, où l'on incarcère les masses ouvrières, où l'on condamne aux travail forcé pendant 12 et 14 heures, non seulement les hommes, mais les femmes et les enfants! Et dire que les fils des héros de la Terreur se sont laissés dégrader par la religion du travail au point d'accepter, après 1848, comme une conquête révolutionnaire, la loi qui limitait à douze heures le travail dans les fabriques; ils proclamaient, comme un principe révolutionnaire le Droit au travail. Honte au prolétariat français! Des esclaves seuls eussent été capables d'une telle bassesse. Il faudrait vingt ans de civilisation capitaliste à un Grec des temps antiques pour concevoir un tel avilissement.

Et si les douleurs du travail forcé, si les tortures de la faim se sont abattues sur le prolétariat, plus nombreuses que les sauterelles de la Bible, c'est lui qui les a appelées.

Ce travail, qu'en juin 1848 les ouvriers réclamaient les armes à la main, ils l'ont imposé à leurs familles; ils ont livré, aux barons de l'industrie, leurs femmes et leurs enfants. De leurs propres mains, ils ont démoli leur foyer domestique, de leurs propres mains ils ont tari le lait de leurs femmes: les malheureuses, enceintes et allaitant leurs bébés, ont dû  aller dans les mines et les manufactures tendre l'échine et épuiser leurs nerfs ; de leurs propres mains, ils ont brisé la vie et la vigueur de leurs enfants. Honte aux prolétaires! Où sont ces commères dont parlent nos fabliaux et nos vieux contes, hardies aux propos, franches de la gueule, amantes de la dive bouteille? Où sont ces luronnes, toujours trottant, toujours cuisinant, toujours courant, toujours semant la vie, en engendrant la joie, enfantant sans douleurs des petits sains et vigoureux? Nous avons aujourd'hui les filles et les femmes de fabrique, chétives fleurs aux pâles couleurs, au sang sans rutilance, à l'estomac délabré,aux membres alanguis! Elles n'ont jamais connu le plaisir robuste et ne sauraient raconter gaillardement comment l'on cassa leur coquille! Et les enfants? Douze heures de travail aux enfants! Ô misère! Mais tous les Jules Simon de l'Académie des sciences morales et politiques, tous les Germinys de la jésuiterie, n'auraient pu inventer un vice plus abrutissant pour l'intelligence des enfants, plus corrupteur de leurs instincts, plus destructeur de leur organisme, que le travail dans l'atmosphère viciée de l'atelier capitaliste.»




Le Droit à la paresse (Réfutation du «Droit au travail» de 1848), Paul Lafargue, 1883, éditions «Le temps des Cerises», pages 50,51.